Le capitalisme assassine les travailleurs, luttons pour notre avenir !
- Le 05/05/2020
CORONAVIRUS, RISQUES SANITAIRES
Des mesures tardives pour assurer des profits élevés
Nous l’avons vu, malgré la propagation exponentielle du virus et sa forte mortalité, le gouvernement français a tardé à mettre en place des mesures sanitaires de grande ampleur. Le 4 février, quand nous découvrions dans les médias la construction en seulement dix jours d’un hôpital d’urgence en Chine, la porte-parole du gouvernement affirmait encore que le virus n’arriverait pas en France. Fin février, le virus s’était déclaré en Europe, précisément en Italie, pays frontalier de la France, avec de nombreux cas en Lombardie, mais le 6 mars, le président se rendait au théâtre, affirmant qu’il fallait continuer à vivre normalement. Le 15 mars, au lendemain de l’annonce de la fermeture des écoles et des universités, et à la veille de l’annonce de confinement, alors que la région parisienne et la région Grand-Est étaient déjà fortement touchées par la pandémie, le gouvernement maintenait le premier tour des élections municipales et nous encourageait à nous rendre tous aux bureaux de vote, malgré le grand risque sanitaire. Le confinement lui-même n’a jamais été total, et de nombreuses entreprises, au-delà de celles qui sont absolument essentielles pour produire les biens de première nécessité et du matériel médical, continuent de tourner, en faisant travailler les salariés sur site, en particulier dans l’industrie, puisque le télétravail n’est évidemment pas possible pour les ouvriers.
Tout cela ne doit nous convaincre que d’une chose : fidèles à leur objectif premier de protéger les taux de profits, le MEDEF et le gouvernement ont minimisé, en toute connaissance de cause, les dangers du COVID-19, pour maintenir la production au détriment de la santé, et même de la vie, des travailleurs. Ainsi, si les mesures sanitaires ont été retardées le plus longtemps possible, si elles ne sont pas aussi radicales qu’elles pourraient l’être dans tous les secteurs de production inessentiels, si notre système de santé est incapable de faire face à une pandémie de cette ampleur, si l’ensemble des travailleurs qui continuent de travailler le font dans des conditions sanitaires dangereuses, voire mortelles, c’est parce que ce gouvernement, comme les précédents, ne cherche qu’à défendre les intérêts économique des capitalistes, et en aucun cas à protéger la population et satisfaire ses besoins.
Conditions de travail : des risques sanitaires décuplés
La situation actuelle n’est qu’un miroir grossissant des dangers que le système capitaliste fait courir aux travailleurs en les exploitant toujours plus violemment, en creusant les inégalités, en détruisant le droit du travail et le système de santé basé sur la Sécurité sociale et en réduisant les libertés démocratiques. Les secteurs principaux qui continuent de fonctionner et de produire, soit parce qu’ils sont vraiment nécessaires, comme la santé, l’alimentaire ou l’énergie, soit parce que les arrêter coûterait trop au patronat, comme d’autres pans de l’industrie, le BTP et les services de livraison, nous permettent de nous rendre compte de manière évidente que les travailleurs aujourd’hui ne sont que des outils à produire de la valeur pour les patrons et à reproduire leur force de travail. Un constat que nous pouvons faire actuellement est que la sécurité des travailleurs est à leur frais, ils doivent souvent se procurer eux-mêmes leur matériel de protection et veiller eux-mêmes à respecter les mesures de distanciation, parce que les institutions et les patrons ne les protègent pas. Les paroles des dirigeants ne valent rien si les directions locales de chaque site ne mettent pas elles-mêmes des mesures en place. Le gouvernement essaie surtout de justifier des mesures insuffisantes qui prouvent qu’il est incapable de fournir à la population qui travaille encore des moyens de protection sanitaire. Il tente également de mettre le non-respect des mesures sur le dos des travailleurs, qu’il taxe d’irresponsabilité, alors que la responsabilité est bien la sienne et celle de nos patrons. Si les travailleurs essaient de se protéger en usant de leur droit de retrait, il affirme que cela n’est pas justifié alors que la pandémie actuelle et les mesures de confinements adoptées par le gouvernement sont une justification parfaitement suffisante et légitime pour quiconque refuserait de prendre le risque d’être exposé.
- La santé
Les centres hospitaliers sont débordés face à l’arrivée toujours plus massive de malades graves et cela n’est pas dû à cette épidémie d’ampleur, mais à une politique de casse de la santé qui dure et s’intensifie peu à peu depuis des années au nom du profit privé. Les conséquences des fermetures de centres hospitaliers et de services, du manque d’embauches et des coupes budgétaires dans la santé, au profit des cliniques privées, sont aujourd’hui mises en évidence pour tous : il n’y a pas assez d’hôpitaux, de lits, de soignants, d’ambulances, les urgences ne sont pas assez performantes (plus de 96 hôpitaux fermés dans les 5 dernières années, 96 000 lits supprimés entre 2003 et 2017, des services qui ferment et qui passent au privé dans tous les grands centres hospitaliers, comme l’hôpital Ste Marguerite à Marseille ou l’Hôtel-Dieu à Paris, la fermeture systématique des urgences, dont les deux tiers dont disparu depuis 40 ans). Tout cela explique qu’il y ait encore beaucoup de morts, y compris chez les personnels soignants. Le 24 mars, plus de 700 membres du personnel hospitalier de Paris et de Strasbourg avaient été testés positifs au virus, certains sont morts, et ce nombre a continué d’augmenter. Le nombre de décès dans les EHPAD est affolant, les personnels n’ont aucun moyen d’endiguer l’épidémie quand elle se déclare et de s’en protéger eux-mêmes. Cela doit nous alerter sur l’état du système de santé en temps « normal » et les attaques successives qui continuent de le détruire. Sans moyens pour l’hôpital et pour la recherche médicale, et sans la Sécurité sociale qui finance actuellement 77% du budget de l'hôpital public, ni les soignants ni les patients ne sont protégés des accidents du travail, de la vie et des maladies. Il suffit d’observer l’Angleterre et les États-Unis pour comprendre ce qu’est un système de santé entièrement privatisé : un danger de mort, qui est accru lorsque nous sommes pauvres, ou lorsque nous ne sommes plus en mesure de produire (handicap, retraite), parce que nous n’avons aucune garantie d’être soigné.
Les conditions de travail dans les hôpitaux et les centres de santé empirent de jour en jour, avec ou sans pandémie. Aujourd’hui, la majorité des soignants sont à bout, parce qu’ils travaillent bien au-delà de leurs capacités physiques et psychologiques, ce qui est malheureusement déjà le cas en temps normal. Les efforts qui leur sont demandés ne sont dus qu’aux manques de moyens dont ils disposent (voir témoignage). Leur héroïsation est le ressort utilisé par le gouvernement pour tenter de faire oublier les causes réelles de la catastrophe sanitaire. La première mesure prise par le gouvernement au début de la période de confinement a été d’appeler le personnel de santé retraité et donc potentiellement à risque, à retravailler. Les étudiants et les infirmiers en intérim sont aussi réquisitionnés. Les personnels médicaux, en plus de leur travail actuel doivent faire face à des missions supplémentaires qui ne correspondent pas à leurs compétences et qui sont le plus souvent basées sur le volontariat et le bénévolat, alors qu’il s’agit de missions complexes (aller en réanimation, au bloc opératoire) qui nécessitent une réelle formation. A priori, les heures et missions supplémentaires ne seront pas rémunérées, seule une prime est promise par le gouvernement. C’est non seulement insuffisant, mais en plus, elle ne sera pas égale pour tous. De plus, cela ne correspond pas aux revendications portées par la lutte des hôpitaux en 2019. Certains salariés de la médecine privée perdent même une part de leur salaire : dans certains centres médicaux privés, les médecins le voient réduit de 40%, pendant que la direction de ces centres continue de toucher l’argent de la Sécurité sociale, pour laquelle les salariés ont cotisé par leur travail. Et évidemment, il n’est pas non plus question de parler d’embauche pour le gouvernement, qui continue de prévoir des coupes budgétaires et de personnel dans la santé, même dans le Grand-Est et la région parisienne.
Mais la santé, c’est aussi la production de médicaments dans les laboratoires pharmaceutiques et de produits hygiéniques et sanitaires dans les usines, ainsi que la recherche médicale publique. La pénurie de masques, blouses et gel hydro-alcooliques qui engendre une insuffisante protection des soignants qui sont en première ligne, n’est due qu’à une politique économique qui privilégie les produits rentables. Depuis 6 ans, le gouvernement a arrêté de renouveler les stocks destinés aux situations d’urgence. Aujourd’hui, on demande à chacun de confectionner son masque ou de s’en procurer un, parce que le gouvernement n’a jamais accordé la priorité à notre santé, mais à la recherche de profits. La pénurie de masques est une aubaine pour les capitalistes du monde entier, qui peuvent les vendre à un prix démesuré au vu de l’urgence actuelle. Il faut noter qu’il n’existe pas, en France, de laboratoires de production pharmaceutique publics, dont la production serait directement gérée par les pouvoirs publics, et orientée vers les traitements non-rentables, mais nécessaires. La production de médicaments et de vaccins est entièrement dirigée par des entreprises privée qui, comme n’importe quelle autre entreprise, ne visent que la rentabilité, la maximisation du profit et mettent en place les mêmes stratégies pour augmenter leurs bénéfices : délocalisation, sous-traitance, licenciements massifs. Pour ne donner qu’un exemple, début février 2020, alors que la Chine construisait son hôpital d’urgence, Janssen, quatrième laboratoire pharmaceutique français en terme de chiffre d’affaires, annonçait la fermeture, pour l’été 2020, d’un laboratoire à Val-de-Reuil, pourtant très reconnu pour ses avancées dans le domaine médical. La recherche publique subit également des attaques régulières, au profit de ces laboratoires privés. Le récent projet de loi, la LPPR (Loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche) annonce de nombreuses suppressions de poste de chercheurs, de nouvelles conditions rendant difficiles l’obtention de fonds pour les projets de recherche fondamentale à long terme, sans garantie de résultats et de rentabilité. Ces dernières années, de nombreux laboratoires publics travaillant sur les virus, dont celui du corona, ont été fermés. Or, seule ce type de recherche peut anticiper et prévenir des menaces futures sur le plan sanitaire.
Ce sont bien la destruction systématique de la santé publique et de la Sécurité sociale par les capitalistes qui ont causé la crise sanitaire actuelle, entraînant la mort de milliers de travailleurs.
- L’industrie
De nombreuses usines continuent toujours de produire, même quand leur activité n’est pas essentielle, comme Airbus et de nombreux constructeurs automobiles, qui n’ont pas fermé leurs chaînes de production. Notons qu’une cellule ministérielle entière assure à Airbus la livraison constante de masques FFP2, nécessaires à la production d’avions. Si cette entreprise arrêtait de produire pendant le confinement, non seulement elle permettrait à ses salariés de rester chez eux, mais en plus ces masques pourraient être réquisitionnés pour les soignants. Cette protection garantie aux ouvriers reste une exception, car dans la plupart des entreprises qui tournent en ce moment, elle dépend entièrement du bon vouloir de la direction ou sont aux frais des travailleurs. Le plus souvent, aucune protection n’est fournie et quand il y en a, elles ne sont pas suffisantes (quelques masques non-certifiés, parfois de fabrication “maison”, pour une durée indéterminée). Les patrons prétendent qu’il s’agit de la responsabilité individuelle de chaque ouvrier de se protéger et de respecter les distances de sécurité, alors même que la tâche demandée les oblige souvent à être plus proches. De plus, elles profitent du statut des apprentis pour continuer à fonctionner (voir témoignage), réduisent au minimum les interactions entre travailleurs (fermeture des salles de pause, réduction des temps de repas, roulements) pour éviter toute velléité d’organisation. Les ouvriers se retrouvent à assumer plus de tâches que d’habitude, puisqu’il y a moins de travailleurs en poste. Et pour ne rien gâcher, le gouvernement a fait passer par ordonnance l’augmentation de la semaine de travail à 60H et veut permettre de faire passer ce temps de confinement en congés payés. Ce n’est évidemment pas en travaillant plus longtemps et en étant encore plus fatigués que les travailleurs seront moins vulnérables par rapport aux maladies. Cela augmente juste les risques pour les travailleurs.
- Les commerces de grande surface et les livraisons
Grande distribution
Dans le commerce, les magasins alimentaires continuent de fonctionner. Les caissiers, en plus d’être parfois les bouc-émissaires de certains clients paniqués par la situation, sont, avec les soignants, les plus exposés. Les mesures de protection dépendent de l’entreprise, et surtout du rapport de force local qu'entretiennent les travailleurs avec la direction de tel ou tel magasin. En effet, au début de l’épidémie, de nombreux caissiers n’avaient ni masques ni gants et protégeaient leurs caisses eux-mêmes avec du cellophane. Or, ils sont en contact permanent et quotidien avec des clients, avec ce qu'ils touchent. Lorsqu’ils ont des masques et des gants, ils se les procurent souvent eux-mêmes, pour pouvoir continuer de travailler et toucher leur salaire. De plus, à cause de la désorganisation de la production actuelle, le réapprovisionnement des magasins et donc la mise en rayon se font pendant les heures d’achats, puisqu’elles se font en continu : les travailleurs doivent donc passer la journée à défaire les cartons au milieu des clients, tout en respectant les distances de sécurité. Ce qui est bien évidemment impossible. C’est uniquement grâce à la pression des travailleurs qui continuent de lutter pour revendiquer des protections que les supermarchés acceptent de mettre en place des mesures sanitaires.
Livraisons
Pour les entreprise de livraison comme Amazon et Deliveroo, cette situation est une aubaine qui leur a permis de faire exploser leur chiffre d’affaires (l’action d’Amazon a gagné 26% en bourse en seulement trois jours). Pourtant cette firme continue de mettre en danger la vie des travailleurs en continuant à ne pas prendre des mesures de protection sanitaire, même de base. Le tribunal judiciaire de Nanterre, suite à une lutte des salariés de l’entreprise, l’a donc condamné à ne livrer plus que des produits essentiels jusqu’à la fin du confinement. Amazon a immédiatement répondu en stoppant l’activité de ses six entrepôts français, pour une durée de cinq jours. Cela n’implique pas pour elle une baisse de ses bénéfices, puisqu’elle continue d’assurer ses livraisons par le biais des ses entrepôts à l’étranger et d’entreprises indépendantes à qui elle sous-traite. Cela signifie trois choses extrêmement graves :
- Amazon préfère priver de salaire ses travailleurs plutôt que mettre en place des mesures sanitaires, même de base. En stoppant son activité en France, ce n’est ni plus ni moins qu’un chantage à l’emploi non déguisé. Face à cela la justice n’a aucun pouvoir pour obliger la firme à remettre en marche la production.
- De plus, si elle déplace ses commandes dans ses autres usines européennes, cela signifie que les normes sanitaires dans ces entrepôts à l’étrangers n’y sont pas non plus respectées et que cela lui coûte plus cher de mettre aux normes ses entrepôts que de déplacer sa production. Cela signifie aussi qu’elle préfère prendre le risque de contaminer les consommateurs, car en effet, la recherche n’arrive pas encore à évaluer le temps de vie du coronavirus sur une surface, qui irait de plusieurs jours à plusieurs semaines, ce qui serait suffisant pour contaminer les livreurs et de nombreux foyers.
- Le pouvoir des entreprises est largement supérieur à celui des institutions, même lorsque ces dernières tentent d’imposer une mise aux normes sanitaires ou de réorienter leur production pour les besoins. Les monopoles utilisent le pouvoir politique pour servir leurs intérêts et n’hésitent pas à le contourner lorsqu’il ne le fait pas.
A la Poste, quand les travailleurs ont exercé leur droit de retrait, alors les patrons n’ont pas hésité pas à envoyer les CRS pour leur faire reprendre le travail par la force. A Lyon et à Dijon, les livreurs de Deliveroo et UberEats se mobilisent auprès des Comités des Travailleurs Précaires et Privés d’emploi, pour faire respecter les mesures sanitaires - ce qui ne peut être fait qu’en arrêtant les livraisons - et être payés et indemnisés pendant la période de confinement.
- Les transports et les écoles
Transports
Dans le secteur des transports, selon le poste occupé, les risques existent aussi. Les transports pourraient être encore plus réduits si le confinement était total, c’est-à-dire, si les seules exceptions étaient réellement les travailleurs de secteurs absolument essentiels et nécessaires. Le déplacement de ces travailleurs pourrait être géré autrement, de manière spécifique. De plus, le transport commercial de fret continue : à Strasbourg, par exemple, les trains chargent des voitures sorties de l’usine, pour les concessionnaires. On est en droit de se demander en quoi cela est essentiel au fonctionnement d’un pays sous confinement.
Écoles
Dans le secteur de l’éducation, Macron a déclaré - et ce contre l’avis même de l’ordre des Médecins qui affirme que “déconfiner le milieu scolaire reviendrait à remettre le virus en circulation” - que les crèches, écoles, collèges et lycées ré-ouvriront le 11 mai, sous prétexte de réduire les inégalités scolaires liées à cette crise sanitaire. Mais cela n’est qu’un mensonge éhonté, car nous savons que les réformes de ces dernières décennies concernant le système éducatif n’ont qu’un seul but, creuser toujours plus les inégalités en fermant les filières générales et l'université aux classes populaires. Si Macron veut que les jeunes retournent à l’école, alors même que c’est un lieu où la contagion est importante, c’est seulement pour une raison économique: il veut que les parents retournent travailler. Il considère les établissements scolaires comme des garderies et non pas comme des lieux d’enseignement et de formation. Le ministre de l’éducation, Jean-Michel Blanquer, fer de lance des réformes élitistes, le confirme: “Depuis le début, la stratégie ce n'est pas d'empêcher que le virus passe [...] mais c'est de faire en sorte qu'il passe de la manière la plus étalée possible dans le temps". Le seul souci du gouvernement est donc d’éviter l’engorgement des hôpitaux qui met en évidence les conséquence de la casse de la santé. Mais qu’il y ait des morts en grand nombre, cela ne dérange pas le gouvernement, tant que d’autres travailleurs continuent de produire pour augmenter le profit des capitalistes.
Les seuls coupables de cette crise, ce sont les patrons et leurs valets du gouvernement !
Cette crise sanitaire inédite met en évidence le seul but du système capitaliste : la recherche de profits et la concentration des richesses dans les mains d’une minorité possédante. C’est pourquoi les principales décisions d’aide financière prises par le gouvernement sont à destination des entreprises et non de la population. En effet, malgré la crise, le gouvernement ne débloque pas de budget spécial pour l’hôpital public, mais il met en place un appel au don et insiste sur une solidarité nationale sur la base de l’initiative individuelle ; ce qui signifie tout simplement donner une part de responsabilité aux travailleurs, jouer sur la culpabilisation, pour financer un secteur essentiel, qui est censé être géré grâce aux budgets de l’État et de la Sécurité sociale, sur la base des cotisations sociales et des impôts. En revanche, il prévoit de donner sans contrepartie 300 milliards d’euros d’aide de sortie de crise à des entreprises privées. Ce qui revient à décider que les travailleurs rendent une partie de leur salaire à leur patron; c’est ni plus ni moins une diminution voilée de salaire, du vol. Comme le CICE chaque année, il est évident que cet argent va bénéficier presque intégralement aux grands monopoles et non aux petites entreprises ou aux auto-entrepreneurs pour la plupart privés de revenus. A cela s’ajoute la suspension des cotisations et impôts versés par les patrons, ce qui constitue encore une perte de salaire pour les travailleurs et amoindrit les structures collectives publiques déjà mises à mal pendant cette crise.
Dans la même logique de maximisation des profits, le gouvernement a profité de la crise pour casser encore plus les droits des travailleurs et faire passer par ordonnance l’augmentation de la semaine de travail à 60h et la suppression de congés payés, sous prétexte de confinement !! Les entreprises peuvent faire travailler plus leurs employés sans avoir à leur payer d’heures supplémentaires, et surtout, sans embaucher. Cette crise permet donc d’imposer, en utilisant la peur et l’impuissance générale des travailleurs, des nouvelles mesures qui n’ont rien à voir avec la pandémie, dans le seul intérêt des entreprises. Si nous ne luttons pas contre ces mesures dès maintenant, il est certain qu’elles seront prolongées indéfiniment, bien après la crise sanitaire, et cela représenterait une des plus grandes victoires de ces dernières années pour le patronat français, et un coup dramatique porté à nos droits durement acquis dans la lutte.
Si la réactivité du gouvernement pour protéger les travailleurs face à cette crise a été longue, c’est parce qu’elle n’était pas leur priorité. Mais heureusement les travailleurs ne l’ont pas attendu et ont tenté de se protéger dès le début de l’épidémie avec du matériel de fortune, de mettre en place des protocoles sanitaires et de les imposer à leur direction. Les travailleurs sont les mieux placés pour savoir comment se protéger, puisqu’ils connaissent leur lieu de travail, leurs outils, leurs gestes, le degré de contact qu’ils ont avec la population. Lorsque le danger est imminent, ils prennent spontanément le contrôle partiel de leur outil de travail ; et, s’ils sont organisés collectivement, dans un syndicat de lutte, ils ont de grande chance d’avoir plus de poids auprès de leur direction et d’être mieux protégés. Ce que nous prouve cette crise, au-delà du cynisme et des exactions du capitalisme, c’est la capacité des travailleurs à organiser eux-mêmes leur propre travail, et la nécessité du contrôle ouvrier : seul moyen d’assurer des conditions de travail sans danger et de contrôler une production en fonction des besoins.
Les solutions existent, mais elles ne sont pas envisageables sous le capitalisme
Aujourd’hui, le seul moyen de faire face à cette crise sanitaire, c’est de réduire la production au minimum, c’est-à-dire de produire uniquement ce qui est nécessaire aux besoins vitaux de la population : ce qui a trait à l’alimentation et à la santé. Tout doit être réorganisé, de la production à la distribution, ce qui n’est pas possible dans un système économique aussi chaotique et peu centré sur la réponse aux besoins que le capitalisme. Nous ne devons pas accepter sans broncher les mesures actuelles inefficaces et faire confiance à l’expertise inexistante des dirigeants, sous prétexte que nous serions désarmés et désemparés face à la situation. Seuls les travailleurs peuvent savoir ce qui est ou non essentiel, comment ils doivent travailler et ce qu’ils doivent produire, en temps normal comme en temps de crise. Actuellement la distribution sous le système capitaliste engendre de nombreux problèmes de rassemblements de population non contrôlés dans les grandes surfaces, et laisse cette situation dangereuses être géré par des entité privés qui n’ont aucun intérêt a contrôler ces flux. Une gestion décentralisée et chaotique répondant aux exigences de rentabilités des capitalistes, ne pourra jamais égaler une distribution des biens nécessaires planifiée et répartie en unités coordonnées, de comités de quartiers, qui étalent alors les contacts limités avec les populations sur la durée des livraisons, livraisons ajustées aux besoins des populations.
Le contrôle ouvrier ne s’arrête pas aux portes du lieu de travail, il doit aussi permettre à la société entière de s’organiser en fonction des moyens et des besoins de chacun, selon le principe de la solidarité de classe.
Un exemple de gestion et d’organisation de la vie par les travailleurs : les comités de quartier
Pendant cette crise, nous pouvons voir des bribes de cette organisation à deux endroits seulement, Cuba et la Chine - malgré les contradictions évidentes existant dans ces pays entre des vestiges d’organisation socialiste et des intérêts capitalistes. Des comités de quartier axés sur la solidarité ont été mis en place dans ces pays. Leur but est de veiller à ce que tout le monde vive dans de bonnes conditions et d’animer la vie de quartier. Pour ralentir le risque de propagation, les comités de quartier ont créé des points d’accueil pour les habitants pour prendre leur température à leur sortie et à leur entrée, afin de prendre en charge le plus rapidement possible les malades et éviter toute contamination. Ces points d’accueil sont aussi l’occasion de se tenir au courant de la santé et des besoins de chaque habitant. Les référents de quartiers sont également amenés à s’assurer que toutes les personnes isolées, contaminées ou non, soient approvisionnées en biens de première nécessité, et cela en s’appuyant sur la solidarité collective. Cependant, les médias, occultant volontairement les avantages de cette organisation, ne relaient que l’outillage de ces comités comme des extensions du gouvernement pour espionner la population, entraver les libertés individuelles et maintenir l’ordre par la répression. Ils oublient de rappeler que de nombreuses associations en France tentent de mettre en place ce genre d’action et en sont empêchées par la répression policière, comme par exemple El Mamba qui vient en aide aux personnes en situation irrégulières à Marseille et dont de nombreux membres ont été arrêtés.
A Cuba, même en temps normal, la population est assurée de recevoir les produits alimentaires et sanitaires de première nécessité, mensuellement, en fonction des besoins de chaque foyer. De plus, dans ce pays reconnu pour être à la pointe de la médecine, tant dans le domaine de la recherche en vaccins et traitements, que dans celui des pratiques préventives, tous les habitants sont déjà suivis régulièrement par les services publics de santé, avec des visites médicales obligatoires, des campagnes de dépistage et de vaccination massives ; ce qui a en grande partie permis d'empêcher la crise sanitaire sur son territoire et d’envoyer des médecins aider le monde entier.
Pour réponse à tous nos besoins et assurer notre sécurité, une seule solution : le socialisme-communisme !
Le communisme est le seul système qui se base sur les besoins et les capacités de production des travailleurs, il leur permet ainsi de toujours avoir la main sur la direction prise. Les outils de production sont collectivités et ne sont pas détenus par des propriétaires privés qui s'enrichissent sur notre dos comme de parasites. Le pouvoir de décision revient aux travailleurs eux-mêmes et permet donc une organisation supérieure dans la gestion des besoins. En effet, la production n’est pas dictée par une recherche de rentabilité ou de profits, mais par l’expression de besoins émanant directement des travailleurs. Les usines sous le contrôle ouvrier ne produisent plus pour faire des profits, mais pour répondre aux besoins de la société, pour permettre à tous de se nourrir, de se vêtir, de se loger et de se soigner.
Suivant cette logique, la production et l'approvisionnement sont raisonnés, centralisés et planifiés. Cela permet d’éviter les pénurie artificielles, la spéculation, les excès dans les comportements individuels. Ce qui rend possible la satisfaction des besoins et la protection de tous, en temps normal comme en cas d’urgence, et de réduire les risques dans tous les cas.
Mais le socialisme-communisme ne viendra que par la lutte organisée des travailleurs conscients de leurs intérêt et mettant en place de gré ou de force la solidarité des travailleurs face aux intérêts de la bourgeoisie. Seule la classe ouvrière est à même d’organiser rationnellement les conditions de son existence.
Nous devons reprendre les chemins de la lutte le plus rapidement possible, contre la destruction de la Sécurité sociale et de l’hôpital public, contre la casse du Code du travail contre les réformes de l’assurance chômage, contre la précarisation.
Organisons-nous et renforçons les organisations de lutte et d’avant-garde de la classe ouvrière !
Pour survivre, détruisons le capitalisme !
#SocialismeouBarbarie