De femme en colère à travailleuses révolutionnaires : l'appel du 8 mars
- Le 06/03/2024
- Dans Actualité
Le 8 mars est devenu une journée incontournable pour les institutions et les entreprises, y compris le gouvernement Macron-Attal. Ils ne manqueront pas de célébrer la "Journée de la Femme", dans un grand spectacle d'autocongratulation, où ils se vanteront d'avoir constitutionnalisé l'IVG comme une "liberté". Ce sont des hypocrites.
Hypocrites, car ce sont les mêmes qui cassent l'hôpital public, annoncent de nouvelles coupes budgétaires, de nouvelles suppressions de postes, de nouvelles fermetures d'hôpitaux et de cliniques ; entravant de fait l'accès à l'avortement et à d'autres soins essentiels.
Hypocrites, alors que les mêmes célèbrent le violeur assumé Gérard Depardieu comme un représentant de la "culture française", prennent systématiquement la défense des agresseurs, dont des ministres comme Darmanin.
Hypocrites alors que ce sont les mêmes qui ont imposé la retraite à 64 ans, réforme qui frappe de plein fouet les secteurs les plus précaires de la classe ouvrière, où les femmes sont surreprésentées. Les femmes représentent ainsi les 2/3 des contrats partiels, sont cantonnées dans des métiers mal payés et aux compétences non reconnues (nettoyage, soins à domicile...). Elles touchent des salaires en moyenne 28% inférieurs à ceux des travailleurs masculins et des pensions 40% inférieures.
Hypocrites alors que Macron évoque la possibilité de réduire drastiquement la durée des congés maternité, tout en assignant les femmes à la maternité en parlant de "réarmement démographique".
Hypocrites alors que les ventes d'armes par l'État, tout entier au service des marchands de canons et profiteurs de guerre, battent leurs records. En Ukraine, en Palestine, au Yémen, au Congo, au Sahel... ce sont les femmes qui sont les premières victimes des atrocités commises au cours des conflits, que ce soit par des soudards, des mercenaires ou des trafiquants d'êtres humains qui profitent de la vulnérabilité des femmes exilées.
Hypocrites, alors qu'ils ouvrent la voie à Marine Le Pen, qui défend dans son programme le déremboursement de l'IVG par la Sécurité sociale, ce qui prive de fait de l'accès à ce droit de nombreuses femmes travailleuses ainsi qu'à de nombreux autres soins essentiels, pour les femmes et pour les minorités de genre.
Enfin, hypocrites car ils récupèrent une date et une histoire qui ne sont pas et ne seront jamais les leurs.
Depuis le 8 mars 1917, jour où les femmes ouvrières de Petrograd se sont soulevées contre l'autocratie tsariste et ont ouvert la voie à la Révolution soviétique, les femmes travailleuses du monde entier ont fait de cette date une journée de lutte contre l'oppression des femmes et du prolétariat, pour l'abolition du capitalisme et du patriarcat.
En 1910 déjà, par la voix de Clara Zetkin, l'Internationale ouvrière avait voulu faire de cette date une journée de mobilisation mondiale de la moitié la plus exploitée du prolétariat international. Elle est devenue pour la première fois un jour férié dans la toute jeune Russie soviétique, sur proposition de Lénine : l'État soviétique, premier État à légaliser l'avortement et à s'engager dans l'émancipation réelle des femmes ouvrières, a été imité par tous les États socialistes qui l'ont suivi.
Ce n'est que 60 ans plus tard, après un long travail de la Fédération démocratique internationale des Femmes (FIDF), dirigée entre autres par les camarades Eugénie Cotton (scientifique et antifasciste française), Hertta Kuusinen (communiste finlandaise), Freda Brown (communiste australienne) et Fatima Ahmed Ibrahim (communiste soudanaise), que les Nations unies en ont fait la "Journée des Nations unies pour les droits des femmes et la paix internationale".
Aujourd'hui, le 8 mars est devenu une date incontournable de l'agenda militant, et chaque année les mobilisations sont plus massives. Il y a un an, la journée du 8 mars suivait une journée de grève interprofessionnelle contre la réforme des retraites, permettant de poser la question de la place centrale des travailleuses dans la lutte et de la question de la grève reconductible. Liant ainsi les revendications particulières des travailleuses à celles de l’ensemble de la classe.
Le 8 mars permet de rappeler que les femmes travailleuses sont en première ligne face à la réaction sous toutes ses formes, dernier recours du système capitaliste en crise.
Système capitaliste qui dès ses origines n'a fait que renforcer la domination patriarcale, en faisant d'abord des femmes des "prolétaires domestiques" (formule de la socialiste Flora Tristan, reprise par Engels) puis la moitié la plus exploitée du prolétariat.
Communistes, nous nous battons contre toutes les dominations et aliénations engendrées par l'exploitation de la majorité par la minorité exploiteuse. Nous refusons les discours qui prétendraient que la lutte pour l'émancipation des femmes doit passer "après" celle pour l'émancipation de la classe ouvrière ou que ces luttes seraient séparées, ne se rencontrant qu'occasionnellement.
Malheureusement, cette conception est répandue dans les syndicats et les organisations politiques, avec l'idée que seules les femmes seraient appelées à participer à la "grève féministe", toutes les femmes quel que soit leur classe sociale.
Pourtant, l'histoire du 8 mars montre que l'émancipation des femmes est portée avant tout par les femmes de la classe ouvrière liées à l'ensemble du mouvement ouvrier, indépendamment de la bourgeoisie et du féminisme libéral, que combattent toujours les femmes révolutionnaires comme Clara Zetkin et Alexandra Kollontaï. Elle montre que les femmes travailleuses organisées ont un potentiel révolutionnaire, celui de passer de la moitié inférieure du prolétariat à son détachement le plus avancé.
Les avancées historiques des droits des femmes comme le droit de vote, le divorce et l'avortement ont eu lieu dans un contexte où il existait un mouvement ouvrier puissant et organisé.
La lutte contre le gouvernement réactionnaire, contre le patronat exploiteur, le système capitaliste et patriarcal nécessite de reconstruire le mouvement ouvrier, avec une orientation de classe et de combat, qui refuse toute intégration dans les institutions bourgeoises, y compris sous couvert de "progressisme". Elle nécessite une organisation politique révolutionnaire qui lutterait contre les tendances opportunistes de toute sorte, contre la pénétration des idéologies réactionnaires dans notre classe, sexistes, racistes, LGBTphobes... avec pour perspective son unité dans le combat révolutionnaire pour l’émancipation de toutes et tous, par l’édification d’une société nouvelle où "le libre développement de chacun sera la condition nécessaire au développement de tous" : le communisme.
C’est sur cette base que nous, Jeunes Communistes des Bouches-du-Rhône, nous nous associons aux appels à la grève et à la manifestation le 8 mars !
Contre l’oppression patriarcale et l’exploitation capitaliste : le 8 mars et après, bloquons toutes et tous ensemble la production et envahissons les rues !
AU PROGRAMME :
VENDREDI 8 MARS :
Manifestation et grève appelée par la CGT
10h, place Général de Gaulle / devant le Medef, Marseille
Suivie d'un repas devant la bourse du travail
Manifestation féministe
18h, départ ombrière du vieux port
SAMEDI 9 MARS :
Soirée du peuple : débat sur le féminisme et le "réarmement démographique"
18h30 au 26 rue d'Isoard, Marseille
8 mars émancipation de la femme socialisme lutte Jeunesse Communiste des Bouches-du-Rhône