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Kazakhstan : les luttes des communistes et leur position sur la crise traversant le pays


Téléconférence extraordinaire de la Rencontre internationale des partis communistes et ouvriers : contribution du Mouvement socialiste du Kazakhstan

http://solidnet.org/article/Extraordinary-TeleConference-of-the-IMCWP-Contribution-of-SM-of-Kazakhstan/


Traduction par la Jeunesse Communiste des Bouches-du-Rhône

Voici ci-dessous le texte traduit en français du discours du co-président du Mouvement socialiste du Kazakhstan, Ainur Kurmanov, lors de la Rencontre internationale des partis communistes et ouvriers, publié en novembre 2021. Il traite en particulier de l'actualité du Kazakhstan, de l'ampleur de la crise, des politiques réactionnaires mises en place, des plans impérialistes que les communistes tentent de déjouer par la solidarité internationale, en s'organisant et en luttant avec les travailleurs... avant même qu'éclate les importantes grèves de février 2022.

 

Chers camarades,

 

Je viens ici au nom du Mouvement Socialiste du Kazakhstan. Dans notre ancienne république soviétique, une dictature bourgeoise a été établie dans l’intérêt des capitalistes locaux et étrangers. Les multinationales contrôlent les deux tiers de l'extraction du pétrole, du gaz et des minéraux, et le gouvernement applique les recommandations du FMI et de la Banque Mondiale dans le but final de la décommunisation.

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Dans cette situation où une opposition légale demeure absente et le Parti communiste du Kazakhstan est dissous par la Cour suprême en 2015, le mouvement ouvrier reste la seule force capable de défier le régime et les entreprises étrangères. Cette année, des grèves massives de travailleurs du pétrole et des sociétés de services ont eu lieu dans de nombreuses régions du pays. En même temps, les revendications ne se sont pas limitées à l'augmentation des salaires et à l'amélioration des conditions de travail, mais partout les travailleurs ont mis en avant le rejet des résultats quant à l'optimisation de la production et de la privatisation, afin d’en conclure des conventions collectives et garantir la liberté de l'activité syndicale. Le résultat est que plus de 600 syndicats ont été dissous au Kazakhstan depuis 2014, de nombreux dirigeants syndicaux ont été condamnés et les autorités tentent de créer des organisations artificiellement contrôlées.

 

Des travailleurs d'autres entreprises minières, des transports, du BTP, d'énergie, ainsi que des médecins ont rejoint la lutte des travailleurs du pétrole, ce qui indique un renouveau du mouvement ouvrier. Néanmoins, cette année est marquée par le 10ème anniversaire de l'exécution des travailleurs du pétrole en grève à Janaozen, qui, pendant leur grève ayant duré huit mois, ont exigé la nationalisation de l'industrie. Aujourd'hui, notre tâche n'est pas seulement de célébrer cette triste date et de nous souvenir des camarades tombés au combat, mais aussi d'empêcher la répétition des répressions de masse, puisque des militants et personnages clés ont déjà été licenciés pour avoir participé à des grèves illégales et des poursuites pénales sont engagées à leur encontre. Ceci est d'autant plus pertinent lorsque le gouvernement en place a publié la semaine dernière un décret sur l'utilisation de l'armée pour réprimer les rassemblements et les grèves à venir

 

Ici, bien sûr, l'aide du mouvement communiste international sera également nécessaire, il est si important de déclarer publiquement qu'une grève n'est pas un crime et que la création de syndicats de classe est le droit inaliénable des travailleurs à s'unir !

Dans une situation de crise socio-économique croissante, la classe dirigeante suit la voie du soutien aux forces nationalistes et d’extrême-droite afin de rediriger le mécontentement des masses vers les minorités nationales et les États voisins. Les génocides sanglants des Dounganes et Ouïghours ont déjà eu lieu au Kazakhstan, et les considérations russophobes sont en hausse, ce à quoi nous nous opposons fermement. De plus, les autorités ont suivi la voie de la décommunisation, en reconnaissant l’Holodomor et en déclarant l'URSS comme État criminel, ainsi qu'en entamant le processus de réhabilitation des Basmatchis et des alliés nazis parmi les membres dans la Légion turkestani de la Wehrmacht et des unités SS musulmanes, qui sont présentés comme des partisans de la libération nationale du bolchevisme.

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Nous avons lancé une campagne active contre cette réhabilitation, mais aussi contre le changement de nom de rues et d’agglomérations portant le nom des héros de l'Armée rouge et de la Grande Guerre patriotique. Notre appel a été soutenu par d'autres partis communistes dans le monde. Nous sommes reconnaissants auprès du Parti communiste de Grèce (KKE), ainsi qu’aux communistes de Pologne, de France, d'Italie, au RKRP et à d'autres partis qui ont protesté contre des autorités du Kazakhstan et ont nommé inacceptable la justification politique des collaborateurs et des bandits qui ont lutté avec les armes à la main contre le gouvernement soviétique. Il est important de noter que les mêmes processus sont observés chez nos voisins, en Ouzbékistan, et qu'il existe également des tentatives de réhabilitation au Kirghizstan, soutenues par la fondation Soros,  le "Open Government"[1], et l’Agence des Etats-Unis pour le développement international, afin de réécrire l'histoire et de présenter l'URSS comme un empire ayant opprimé les peuples de l'ancienne Asie centrale soviétique.

Les actions des forces impérialistes ne sont pas moins menaçantes, cherchant à utiliser le Kazakhstan et l'Asie centrale comme tremplin pour leurs plans agressifs et à impliquer les classes dirigeantes locales  dans leur orbite afin d'étendre l'influence de l'OTAN et du Pentagone. De ce fait, il existe déjà cinq "centres de formation" au Kazakhstan, où des instructeurs militaires américains y travaillent, qui forment le personnel des armées des anciennes républiques soviétiques d'Asie centrale selon les normes de l'OTAN. Dès le début, nous avons demandé et exigeons leur fermeture, ainsi que la résiliation de l'accord de coopération militaire entre le Kazakhstan et les États-Unis, qui prévoit la possibilité de déployer des organisations militaires et des infrastructures sur le territoire de la république, y compris sur la côte de la mer Caspienne.

Le retrait des Américains de l’Afghanistan n'a pas du tout réduit l'influence des États-Unis et de l'Occident au Kazakhstan et dans la région mais a, au contraire, étendu l'activité des groupes islamistes dans la région, longtemps alimentée par les services de renseignement occidentaux. La situation s’est aggravée par l'utilisation des idées du panislamisme, qui deviennent une partie intégrante de l'idéologie au Kazakhstan et dans d'autres républiques d'Asie centrale. En même temps, il existe un lien direct entre les panturcs, les panislamistes et les ONG et fondations occidentales qui essayent d'influencer la croissance des ressentis nationalistes, islamiques et xénophobes.

A notre avis, un des dangers particuliers serait la création de l'Organisation des États turciques à Istanbul le 12 novembre, initiée par Nazarbayev et soutenue par Erdogan. Cette entité est un nouveau bloc capitaliste et impérialiste sous l’égide d'Ankara qui poursuit son expansion dans la région sous couvert de discours sur la création du "Grand Turan", c’est-à-dire l'OTAN turque. En effet, ses principales tâches consistent à renforcer les positions des États-Unis, de la Grande-Bretagne et des sociétés minières transnationales, à rediriger les flux d'énergie et de transport du Kazakhstan vers l'Asie centrale en passant par l'Azerbaïdjan et la Turquie, ainsi qu'à s'opposer activement à la Russie et à la Chine.

Ainsi, le Kazakhstan et la région dans son ensemble peuvent devenir un théâtre d'opérations militaires, y compris avec la participation de terroristes islamiques, ou un territoire de lutte acharnée pour la redistribution des zones d'influence dans un avenir très proche. À cet égard, nous lançons le rétablissement du comité de paix afin de consolider les militants sociaux, syndicaux et citoyens pour résister à tous ces plans impérialistes.

La lutte contre la prolifération des installations biologiques militaires et des laboratoires du département américain de la défense au Kazakhstan et en Asie centrale est un sujet d’une importance cruciale. De ce fait, il existe déjà cinq installations de ce type au Kazakhstan et la construction d’un nouveau laboratoire est prévue, avec un plus haut degré de protection et un stockage souterrain des agents pathogènes les plus dangereux du monde entier qui ne peuvent être traités qu’à partir de 2022. Il existe déjà 12 installations de ce type en Ouzbékistan et, au Tadjikistan ; des instituts de recherche publics travaillent dans le cadre de programmes du ministère américain de la défense.

Pour contrer cela dans le temps post-soviétique et dans le monde, nous avons créé, avec le Parti communiste unifié de Géorgie, le Parti socialiste de Lettonie et le Parti communiste du Pakistan, une coalition pour l'interdiction des armes bactériologiques.

Le 3 novembre, une conférence en ligne intitulée "La menace croissante de la prolifération et de l'utilisation des armes biologiques et la nécessité de créer un mouvement international en faveur de leur interdiction et de l'élimination des laboratoires"[2] a été organisée, à laquelle ont participé 18 partis communistes et ouvriers de 16 pays, à savoir la Géorgie, la Lettonie, l'Azerbaïdjan, l'Arménie, le Kazakhstan, le Kirghizstan, la Moldavie, l'Ukraine, la Grèce, la Turquie, les Philippines, le Pakistan, l'Italie, la Hongrie, la Norvège et la Russie, ainsi que plusieurs autres partis, notamment ceux de la République tchèque, du Kurdistan, de la Serbie et de la Croatie.

Ces équipements sont exactement comme des bases militaires équipées d'armes biologiques, dont les activités sont dirigées à la fois contre les opposants et contre les peuples où elles se trouvent. Bien entendu, nous n'exagérons pas ce problème par rapport aux autres menaces militaires et au danger d'utiliser des armes nucléaires ou chimiques. Tous ces moyens sont entre les mains des impérialistes. Nous devons simplement réaliser que ce type d'armes, ainsi que les laboratoires eux-mêmes, deviennent de plus en plus dangereux dans une situation de guerre par d'autres moyens ou dans le cadre des guerres dites hybrides.

Bien sûr, il est nécessaire de s'appuyer sur le potentiel des partis communistes et ouvriers dans le monde. Ici, nous devons apprendre et nous inspirer des communistes et des militants de gauche des années 50 et 60, qui ont créé un puissant mouvement anti-guerre dans les conditions de la Guerre froide et de la division du globe en deux pôles. Dans notre lutte pour la paix et contre l'impérialisme américain, nous devons également mettre de nouveaux slogans sur nos bannières, tels que l'élimination immédiate des laboratoires biologiques militaires américains sur tous les continents.

Bien sûr, nous avons toujours soutenu et soutiendrons encore les peuples de Cuba, de Palestine et d'autres pays qui tentent de résister aux actions des États-Unis, de l'OTAN, d'Israël et d'autres puissances impérialistes. C'est un devoir internationaliste de communiste celui de résister à toute intervention et attaque, quels que soient les slogans "démocratiques" derrière lesquels se cachent les gouvernements bourgeois.

 


[1] « Open Government » fait référence aux fondations Open Society de George Soros

[2] Pour plus d’informations au sujet de la conférence en ligne : « 18 Partis Communistes exigent l’interdiction des armes biologiques et la fermeture des laboratoires », article de Ligne Rouge, publié le 14 décembre 2021 https://www.lignerouge.org/post/communistes-interdiction-armes-biologiques?fbclid=IwAR3QN2cr9DjoAQ4G0vvOpnqtCWRgVMBZJ6hJxIN_YwZZWqMUUnXLn6Z2EZo

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