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Analyse de l'élection présidentielle - L'imposture sociale de Le Pen

  • Le 22/04/2022

Une partie non négligeable de la classe ouvrière et de la jeunesse populaire ayant voulu exprimer son opposition aux politiques voulues par les monopoles français par le vote Mélenchon (sans remettre pour autant le cadre même de l'exploitation capitaliste et de la dictature de la bourgeoisie) hésite maintenant à porter ses suffrages vers la candidate d'extrême droite Marine Le Pen afin de "dégager Macron".

5 ans de politiques violemment antisociales, de répression généralisée, de discours racistes, de militarisation de la société et d'arbitraire policier jusque dans notre vie quotidienne... ont conduit à une haine de classe du candidat favori de la haute bourgeoisie.

Un argument souvent avancé serait que Le Pen serait favorable au retour à la retraite à 60 ans, contrairement à Macron qui est pour son allongement.

En réalité Marine Le Pen ne s'est engagé à revenir à l'âge de 60 ans uniquement pour les travailleurs ayant commencé à travailler à 17 ans...moyennant une hausse des années de cotisation, jusqu'à 45 années. Pour ceux arrivés tardivement sur le marché du travail cela veut dire la retraite à 67 ans.

De plus, le RN, tout comme avant lui le FN, est favorable à la suppression des cotisations sociales, c'est à dire de notre salaire socialisé. En pratique, cela ouvre la voie à la casse généralisée de la Sécu, des retraites et de l'assurance-chômage.

Le Pen c'est aussi la préférence nationale, c'est à dire l'instauration d'un apartheid social vis à vis des travailleurs étrangers, en leur interdisant l'accès au logement, à l'emploi, aux aides sociales voire à la santé.

Elle veut notamment interdire aux étrangers et binationaux l'entrée dans la fonction publique. En pratique cela veut dire le licenciement de 3,5 millions de fonctionnaires.

Elle veut réserver les logements sociaux aux Français. En pratique cela veut dire près de 1 million de prolétaires privés de logement social !

Ce sont des attaques sans précédent contre les droits fondamentaux d'une partie du prolétariat.

La justification ? Résorber le chômage, qui serait due aux immigrés. La réalité est que le chômage est provoqué par le patronat, qui délocalise, licencie et précarise.

La "préférence nationale" ne résoudra aucun problème pour les travailleurs français, au contraire. Elle permet au patronat de disposer d'une armée de réserve de travailleurs privés de droits, livrés à la misère et à la répression policière, contraints d'accepter les pires salaires et conditions de travail, tirant l'ensemble des droits des travailleurs vers le bas. Elle permet d'inscrire juridiquement dans la Constitution un fait déjà existant : la division des travailleurs en fonction de leur nationalité, brisant ainsi l'unité de la classe ouvrière.

Le Pen c'est aussi l'inversion de la hiérarchie des normes, c'est à dire la fin de la primauté du Code du Travail sur les accords de branche et d'entreprise. En cela Le Pen se place dans la droite ligne de Hollande et Macron.

Que ce soit Macron ou Le Pen, les capitalistes auront un gouvernement à leur convenance, avec un mandat clair : liquider l'ensemble des protections collectives et libertés démocratiques que la classe ouvrière a conquis de haute lutte. Pour ce faire, Macron et Le Pen comptent sur la passivité du prolétariat et de la jeunesse. Tous deux ont annoncé qu'ils associeront les organisations syndicales de salariés à l'application de leur contre-réforme. Le quinquennat Macron a montré les directions de ces dernières y sont particulièrement disposées. La farce du "front républicain" y sert de couverture.

Mais le quinquennat Macron a aussi été marqué par l'irruption de révoltes populaires et de puissants mouvements sociaux : mobilisations étudiantes et lycéennes contre la sélection et la privatisation de l'enseignement supérieur, grève des cheminots contre la liquidation de la SNCF et du statut, Gilets jaunes, grèves massives contre la réforme des retraites, occupations des théâtres contre celle de l'assurance chômage, manifestations monstres de la jeunesse contre les violences policières et le racisme d'Etat...

Ces luttes n'ont pas toujours été victorieuses, loin de là. Mais elles ont montré que la classe ouvrière, la jeunesse populaire, le peuple travailleur de France... sont loin d'être des spectateurs passifs de l'histoire.

L'espoir ne réside pas dans la farce électorale, dans un quelconque "vote de barrage", ou "vote tactique" pour "dégager Macron". L'espoir réside dans les luttes du peuple.

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