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Cout de la vie

Coût de la vie et inflation : le résultat de la guerre sur les ressources et les salaires !

Le coût de la vie explose, nous pouvons le voir tous les jours. Les chiffres de l’Insee sur l’inflation sont eux mêmes “hors norme” à 1,6% d’inflation en février dernier. Pour beaucoup, cela aura l’air d’une blague, tant ce 1,6% paraît dérisoire face à l’explosion des prix que tout un chacun peut constater. Le même genre de phrase que “le salaire moyen en France est de 2500€” qu’on peut facilement croiser dans les média bourgeois.

Il est facile de le voir : le gaz, l’électricité, les loyers, la nourriture, les autres produits de première nécessité et bien entendu l’essence ont bondi bien au-delà de ce petit 1,6%. Et pourtant, c’est bien ce chiffre de l’inflation qui va dicter l’évolution du smic et des petites retraites, ainsi que de certaines prestations sociales. On comprend mieux l’intérêt du patronat et donc de l’Etat, ayant la mainmise sur l’Insee et en particulier depuis sa création sur l’Indice des Prix à la Consommation (IPC), à effectuer des calculs savants pour que cet indice ne reflète pas la réalité de l’augmentation du coût de la vie.

AVANT DE DEMARRER, POUR S'Y RETROUVER

SMIG : Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti

SMIC : Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance

Prix du gaz et de l’électricité : La France ne produit pas de gaz sur son territoire, mais beaucoup d’électricité. Or, leur prix sont liés ce qui veut dire que si la théorie de l’offre et de la demande fixait réellement les prix, un gros producteur d’électricité devrait avoir des prix bas pour les 2 ressources.

TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée

TICPE : Taxe Intérieure de Consommation sur les Produits Energétiques

SALAIRES ET INFLATION : UNE HISTOIRE QUI REMONTE

Dans les années 50, en pleine guerre de Corée, qui génère à l’époque une forte inflation, la CGT et le PCF mènent de nombreuses luttes très difficiles, articulant la bataille pour les salaires, l’emploi et les conditions de travail avec l’opposition à la guerre impérialiste contre le peuple coréen. Pris dans ce double étau, le patronat est contraint de lâcher du lest : le SMIG est né.

C’est donc bien le résultat d’une lutte syndicale contre la vie chère et les bas salaires, combinée à une lutte politique contre la guerre d’agression impérialiste, qui a permis cette réalisation.

Ce dispositif permet en théorie que le salaire minimum soit indexé sur l’inflation, et qu’il soit aussi inscrit dans les conventions collectives, c’est-à-dire que la base sur laquelle est calculée la grille de salaire conventionnelle évolue en permanence avec l’inflation. C’est ce qu’on appellera alors l’échelle mobile des salaires.

Dans les faits, elle n’est pas appliquée dans les années 50, parce qu’une clause est imposée : si l’inflation est en dessous de 5%, alors le SMIG n’évolue pas. C’est là qu’est modifié encore et encore le fameux IPC dont le calcul est systématiquement manipulé pour éviter d’atteindre le seuil des 5%. Mais au cours des années 60, des luttes syndicales permettent de faire appliquer le système entreprise par entreprise, puis dans certains secteurs comme la métallurgie.

La CGT accuse également l’IPC de ne pas représenter l’évolution du coût de la vie, notamment car ne prenant pas en compte le poids réel de dépenses comme la nourriture ou le loyer dans les dépenses des ménages. A partir de 1972, elle calcule son propre indice pour porter le combat idéologique sur la question du coût de la vie et de l’inflation contre un Etat qui n’hésite pas à biaiser les calculs.

En 1970, le SMIG est remplacé par le SMIC, par Jacques Chaband-Delmas (RPR).

L’argument ? Remplacer l’indexation sur les prix par une indexation sur les prix et le salaire moyen, qui fait augmenter la valeur du SMIC plus vite que ce qu’aurait augmenté le SMIG.

L’arnaque ? Le SMIC n’est plus inscrit dans les conventions collectives : à partir de ce moment, les salaires minimums conventionnels stagnent. On est toujours payé au SMIC qui lui progresse, mais l’ancienneté, l’évolution dans les grilles de salaire des trop nombreuses conventions collectives ne dépasse jamais le SMIC.

Qui est touché en premier ? Les Conventions Collectives où le rapport de force est trop faible pour imposer des revalorisations salariales… Ou comment remettre en cause le principe de l’échelle mobile des salaires sans s’attaquer aux corporations les plus organisées où la CGT et les communistes sont forts.

Puis, l’échelle mobile des salaires, encore une réalité dans de nombreuses entreprises, est supprimée en 1982 par le gouvernement Pierre Mauroy II, avant même le “tournant de la rigueur”. Du fait de la politique d’union de la gauche et de programme commun de gouvernement pratiquée par le PCF, avec des ministres encore à ce moment, les luttes ne démarreront pas avant 1983 et la réforme n’a pas pu être empêchée… Ou comment la social-démocratie a terminé le travail que la droite ne pouvait pas faire elle-même

Dès lors, nos salaires ne sont indexés sur les prix que via cet indice, qui ne détermine plus que le montant du SMIC, des petites retraites et de certaines prestations sociales.

Conséquence : une part toujours plus grande de travailleurs est payée au salaire minimum, qui permet de moins en moins de vivre dignement de son travail. Les spécialistes bourgeois en arrivent à la conclusion que le problème est le SMIC ! Mais il paraitra évident que c’est au contraire une stratégie de longue date qui est à l’oeuvre : une guerre stratégique contre les salaires qui a porté ses fruits pour le gouvernements.

Car si les prix augmentent et les salaires stagnent : c’est le patron qui profite. Et pour preuve, l’Institut d’Histoire Sociale - CGT Métallurgie estime que depuis 1983, ce sont 1500 milliards d’euros qui ont été dérobés aux travailleurs uniquement via l’inflation et la stagnation des salaires...

Pain cher politique de guerre

PRIX CHERS : POLITIQUE DE GUERRE

D’un autre côté, l’inflation en elle-même doit nous interroger. La guerre impérialiste menée par la Russie et les forces de l’OTAN en Ukraine a été annoncée comme la cause de récentes envolées des prix, en particulier du gaz, des céréales et de l’électricité. Et pour cause, le contrôle de ces ressources a été une des principales motivations pour l’escalade ayant mené à cette guerre puis son déclenchement.

Au sein de l’Union Européenne, les prix se sont donc envolés sur ces denrées, ce qui n’a pas été sans ravir les capitalistes américains, devenant l’un des seuls fournisseurs énergétiques et agricoles alternatifs pour des pays qui jusque là dépendaient du gaz russe ou des céréales ukrainiennes. Et cet état de mainmise sur le marché a permis aux grandes entreprises américaines d’imposer des prix démentiels, leur assurant une rentabilité maximale et donc les félicitations de leurs actionnaires en fin d’année.

Cela montre à quel point la guerre est un outil de contrôle des marchés, des ressources et du monde, qu’elle ne sert aux capitalistes qu’à poursuivre leurs conflits commerciaux et diplomatiques par des moyens différents. Finalement, leurs plans n’aboutissent toujours qu’à plus de souffrances pour les peuples et plus de dividendes pour les actionnaires. Ce n’est donc pas la guerre qui créé les prix chers, mais les prix chers, comme moyen d’obtenir une rentabilité toujours plus grande, qui sont l’un des objectifs poussant les capitalistes à mener des guerres !

Mais comment justifier l’augmentation dans notre pays du prix du gaz, de l’électricité, des céréales alors que nous en sommes des grands producteurs ?

Là aussi, l’excuse de la guerre nous est donnée, mais pourtant elle n’en est pas plus la cause qu’ailleurs en Europe. Dans le secteur de l’énergie, si les prix sont chèrs et augmentent, c’est d’abord à cause de l’éclatement d’EDF-GDF, nationalisé en 1945 sous l’impulsion de Marcel Paul, ministre communiste, et de la privatisation rampante subie par tout le secteur.

Pire, puisque l’énergie se privatise et se marchande, il devient parfois plus profitable pour les actionnaires de vendre celle que nous produisons à d’autres pays, comme l’Espagne, et d’acheter celle que nous utilisons ailleurs…

Enfin, la privatisation, l’éclatement en multiples entités, le développement d’une véritable armée administrative en guerre contre elle-même, la corruption pratiquée par les monopoles privés du BTP et l’absence de planification énergétique centralisée ont empêché la rénovation des installations et la construction de nouvelles, pendant que le pouvoir fermait les centrales à charbon, histoire de pouvoir détruire encore plus d’emplois et d’outils industriels, tout en capitalisant sur l’effet de communication “écologique”... Mais à Gardanne la centrale est toujours debout, grace à la lutte déterminée des travailleurs et leur syndicat la CGT.

Dans l’agriculture et l’agroalimentaire, là aussi c’est la loi de la rentabilité maximum qui domine. La blé tendre, mais aussi l’orge et d’autres céréales voient leur prix augmenter, alors que les capacité productives permettent théoriquement là aussi de satisfaire les besoins du pays. Ce que nous voyons n’est donc ni plus ni moins que de la spéculation. Les mêmes logiques que lors de la “guerre contre le Covid”, quand certains pharmaciens vendaient des masques à des prix exorbitants : dans la peur d’une pénurie de blé, les grands producteurs se servent du spectre de la faim comme d’un pistolet sur la tempe des peuples, contraints d’accepter leurs prix. Et même là où la production s’effectue, les prix explosent dans l’abondance.

Halte a la guerre imperialiste

Et cela ne s’arrêtera pas là. Car la guerre ce sont également des commandes qui se multiplient pour toutes les entreprises de l’immense complexe militaro-industriel français : Dassault, Safran, Eurocopter, NavalGroup et tant d’autres, mais pourquoi pas également LVMH, groupe de textile certes spécialisé dans le luxe mais ayant profité du covid pour restructurer une partie de son appareil productif vers de la production de masques à grande échelle, ainsi que de gel hydroalcoolique.. de quoi potentiellement transiter plus vite vers une production militaire d’uniformes, de produits de soins ou d’agents chimiques de combat.

Toutes ces commandes sont passées à des groupes privés, souvent faisant partie du CAC40, avec l’argent de l’Etat. C’est à dire avec nos impôts mais aussi les taxes que nous payons, comme la TVA ou la TICPE sur l’essence, qui sont particulièrement injustes puisqu’elles nous frappent tous au même montant, quelque soit notre revenu.

Ce sont donc des dépenses d’Etat qui devront être équilibrées dans le budget. Or il n’y a que 2 manières d’équilibrer un budget : baisser les dépenses ou augmenter les recettes.

Et ici, dans les 2 cas, cela ne fera qu’augmenter les souffrances des travailleurs :

• Par la continuation de la casse et de la privatisation des services publics, de la sécurité sociale, des aides d’Etat déjà insuffisantes et employées pour du contrôle social.

• Par l’augmentation non pas des impôts et des cotisations sociales mais des taxes les plus injustes pesant le plus lourdement sur les travailleurs les plus pauvres.

Cette guerre est donc là aussi un outil économique national entre les mains de la bourgeoisie et de l’Etat. Qui vont l’utiliser pour non seulement exploiter encore et encore les travailleurs, mais pour leur reprendre par mille moyens la part des richesses créés par le travail qu’ils sont bien forcés de rétrocéder sous forme de salaire.

La bataille pour le coût de la vie est donc indissociable de la lutte contre la guerre impérialiste, pour l’augmentation généralisée des salaires, des pensions et des revenus de remplacement, la hausse des cotisations sociales sans perte de salaire net, le recalcul de l’inflation avec des critères favorables aux travailleurs les plus pauvres et l’obtention d’une échelle mobile des salaires.

Macron n’a trompé personne avec ses “primes de pouvoir d’achat”, qui n’ont fait que temporiser de nouvelles explosions des prix. Au contraire, l’insulte a été largement comprise par les travailleurs. Mais il est également important de ne pas se laisser tromper par des mesures faussement en faveur du pouvoir d’achat comme la “réduction de l’écart entre le brut et le net”, qui en fait détruiront la sécurité sociale, les services associés, les remplaçant par une version payante et moins qualitative. La “réduction des charges” est en effet l’un des grands thèmes des Zemmour et Lepen, se présentant comme seuls défenseurs du pouvoir d’achat tout en étant contre l’augmentation du SMIC…

Le « pouvoir d’achat » est en fait le résultat d’une guerre de classe ! Croire qu’il est possible de trouver un terrain d’entente avec le patronat sur cette question est une illusion qui nous livre pieds et poings liés à ses manoeuvres.

Les sales guerres de l’impérialisme font partie de cette guerre sociale qu’on nous livre ici. Il est primordial pour nous de réaliser que lutter dans l’une c’est lutter dans l’autre. Notre choix est donc entre la misère et la dignité, la guerre et la paix, la barbarie capitaliste ou le socialisme-communisme.

Avant-Garde vie chère guerre impérialisme salaires