Macron virer

Le séparatisme ne dupe personne

Le 9 Décembre sera présentée au conseil des ministres le projet de loi « renforçant la laïcité et les principes républicains » anciennement scandée sous le nom « loi contre les séparatismes » qui ne fait qu’accentuer l'hostilité de l’Etat bourgeois envers les musulmans.

A la fois un contre-feu, un outil répressif et de division des travailleurs !

Le contenu exact reste jusqu’ici inconnu mais ce que le ministre de l’intérieur a soufflé ici et là nous donne un aperçu inquiétant. En effet, on peut observer assez facilement qu’il prend racine sur des « faits divers », montés en épingle sur les réseaux sociaux et les médias.

Depuis la rentrée, les incidents de jeunes filles qui se voient interdire l’entrée de leurs établissements scolaires se multiplient. Tout cela à cause de tenues vestimentaires jugées indécentes, parfois parce qu’elles sont « trop courtes » mais aussi parfois car jugées « islamisantes ». Comme pour Sakina, lycéenne d’Istres qui a été interdite de cours pour un bandeau dans les cheveux et accusée par sa proviseure de « faire perdre du terrain » à « toutes les femmes qui luttaient pour enlever le foulard ».

Mais la mobilisation des lycéens, soutenus par des travailleurs a permis sa réintégration, tout comme ailleurs où des mouvements de protestation ont été organisés pour défendre le droit des femmes à s’habiller comme elles le souhaitent, et pour affirmer que rien ne peut justifier l’attaque sur le droit à suivre des études ! Dans de nombreux lycées, les directions ont dû reculer et faire cesser ces contrôles indécents, fruits de l’esprit pervers de certains proviseurs et professeurs, justifiés par le Ministère.

Suite à ces « incidents », souvent manipulés par des groupes fascistes et des discours racistes toujours plus nombreux et décomplexés, les politiciens n’ont plus qu’à piocher les polémiques qui leurs serviront à justifier leurs actes ou cacher leurs manœuvres. Entrent ensuite en scène les médias qui relaient abondement ce genre de discours, offrant une tribune à l’extrême droite aux infos de 20h et justifiant par la suite les attaques réactionnaires du gouvernement.

Le discours d’Emmanuel Macron au sujet du projet de loi donne le ton : les cibles prioritaires de cette loi sont les populations dites « musulmanes ». Le gouvernement se veut protecteur des « valeurs républicaines ». Ce qui est dit anti-républicain, c’est tout ce qui se substitue à l’Etat ou tout ce qui cherche à le renverser. Avec les lois « anti-séparatisme », le pouvoir veut faire d’une pierre trois coups !

  • Allumer un contre feu pour esquiver la polémique sur ses mesures antisociales
  • Diviser les travailleurs qui cherchent à s’unir dans la lutte
  • Poursuivre l’offensive sur les droits non seulement des musulmans, mais aussi de l’ensemble des travailleurs

Alors que la crise se développe et avec elle le chômage et la misère, que les gouvernements successifs, y compris étiquetés de gauche, ont découpé soigneusement les services publics et nos droits, les accusations contre l’islam se multiplient pour occuper le débat public et servir de diversion aux politiques des gouvernements. C’est un schéma cyniquement répété. L’agitation habituelle des polémiques réactionnaires, sur le port du voile notamment, ont monopolisé les plateaux télévisés et permis de faire passer en douce des mesures antisociales.  

A l’été 2016 ressortait dans les médias le débat sur le port du voile et le burkini, occultant la fin de la lutte contre la Loi Travail et son passage en force par 49.3.

En octobre 2019, alors même que le gouvernement préparait la mise en place de la réforme des retraites, le débat sur le voile ressortait dans les médias lorsqu’une mère accompagnatrice d’une sortie scolaire s’était fait interdire l’entrée du Conseil régional à cause de son voile.

Avant cela, Nicolas Sarkozy proposait déjà un « grand débat sur l’identité nationale », attaquant les jeunes de banlieues qu’il voulait faire « nettoyer au kärcher »

Bien plus récemment, le scandale orchestré par quelques élus au sujet de l’audition à la commission parlementaire de la vice-présidente de l’UNEF a soigneusement permis d’écarter du débat le droit aux études dignes sévèrement attaqué par le gouvernement à l’occasion de la crise…

Le projet de "loi renforçant la laïcité et les principes républicains" est un tremplin pour le gouvernement pour mener ses attaques réactionnaires et antisociales, jouant le double rôle de monopolisation du débat public et celui d’isoler toujours plus les travailleurs musulmans et de diviser la classe ouvrière.

Cela fait des années que l’Etat abandonne les travailleurs à la précarité, à la misère et au chômage. Les quartiers populaires sont les lieux où sont testés les offensives généralisées. Vu l’ampleur des services publics, il a été impossible de les détruire d’un seul coup. Le pouvoir a donc organisé la casse sociale progressivement, non seulement en ne supprimant pas les services publics partout en même temps, mais également en sponsorisant massivement des associations privées qui assuraient les mêmes services, au moyen de subventions directes et par le biais de contrats précaires sous-payés.

La fin des contrats subventionnés et les coupes massives de subvention aux associations ouvrent la voie à une nouvelle étape où l’Etat est simplement prêt à abandonner toute forme de tissu associatif, en premier lieu dans les quartiers, où ces associations représentaient parfois le dernier lien social, et le dernier rempart face à l’abandon total.

La loi sur le séparatisme est un pas supplémentaire dans cette direction : elle donne notamment le droit à l’Etat de couper les vivres aux associations si celles-ci ne respectent pas les soi-disant « valeurs républicaines ». Ainsi le voile ou toute référence à la religion musulmane devient une justification d'exclusion de la vie publique et associative. De plus, ces attaques contre les associations « musulmanes » sont un prétexte pour s’attaquer à toute forme d’association pouvant potentiellement déranger l’ordre social capitaliste, comme par exemple des associations venant en aide aux sans-papiers et migrants, ou simplement contre une éducation populaire qui oserait mettre en cause la république bourgeoise, évoquer ses massacres coloniaux et ses multiples exactions contre le mouvement ouvrier.

Il ne s’agit donc pas de qualifier une religion de « religion du peuple », de s’impliquer dans un débat « Pour ou contre le port du voile ». Il s’agit de voir que quand on nous parle d’islam et de laïcité en réalité c’est notre classe toute entière que l’on veut attaquer ! Cette loi annonce celles à venir dans la même logique que les précédentes de casse du service public, de précarisation de l’emploi.

Musulman, juif, chrétien, athée ou agnostique, cette loi concerne tous les travailleurs ! Nous devons combattre pour l’unité de notre classe, quelque soit notre religion, notre sexe ou notre couleur de peau !

Soyons ensembles dans le combat pour l’emploi, l’égalité et la dignité de tous les travailleurs, mettons un arrêt aux attaques anti-sociales et racistes de l’état bourgeois, ne sombrons pas dans la terreur et la division.

Le 17 octobre à Paris à 14h se retrouveront la marche pour l’emploi et la dignité de la CGT, la manifestation des gilets jaunes et la marche des sans-papiers ! Faisons-en sorte que ce soit le début d’une lutte acharnée classe contre classe, pour le travail, la paix et la dignité !

RENDEZ-VOUS SAMEDI 17 OCTOBRE A 14H PLACE DE LA REPUBLIQUE A PARIS

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