Manif ko

Vœux 2022 de la KO à l’adresse du mouvement communiste international

Nos camarades allemands de la Kommunistische Organisation (KO) ont répondu fraternellement à notre invitation et nous ont partagé leurs vœux à destination de l’ensemble du mouvement communiste international, que nous diffusons ici.

Mener la lutte contre le capitalisme et la menace de la guerre en se remémorant Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht

« Votre "ordre" est construit sur du sable. Demain, la révolution se redressera de façon hargneuse et, annoncera, à votre grand désarroi, au son de la trompette : j'étais, je suis, je serai ! »

La révolutionnaire Rosa Luxemburg a écrit cela dans son dernier article de journal en janvier 1919, après que la révolution des ouvriers et des soldats en Allemagne ait été écrasée - noyée dans le sang de milliers d'ouvriers, assassinés par l'armée et les Freikorps d'ultra-droite. Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht, les leaders des travailleurs révolutionnaires, ont été victimes de la terreur d'État le 15 janvier 1919 - il y a 103 ans : après avoir été capturés par un Freikorps, ils ont eux aussi été tués de la manière la plus lâche qui soit.

D'où viennent la haine et la peur de la classe dirigeante envers les deux leaders ouvriers ? Au cours de la Première Guerre mondiale, l'Empire allemand avait subi un naufrage avec ses projets de puissance mondiale. La classe dirigeante allemande avait échoué à conquérir la moitié de l'Europe et à atteindre la domination mondiale. Ce sont les gens ordinaires d'Europe et d'une grande partie du monde qui en ont payé le prix : des millions d'ouvriers et de paysans d'Europe, d'Asie, d'Afrique, d'Amérique, des Caraïbes et du Pacifique ont été enrôlés de force et conduits sur les champs de bataille, où ils ont suffoqué dans les gaz toxiques, se sont vidés de leur sang dans les barbelés et ont agonisé de blessures et de maladies. En Russie, le peuple s'est dressé à deux reprises contre les massacres en 1917, en renversant d'abord la monarchie et en prenant finalement le pouvoir lors de la révolution d'octobre pour établir le premier État ouvrier durable : l'Union soviétique, qui a été officiellement fondée en 1922. En Allemagne, les ouvriers et les soldats ont fait de même un an plus tard. Sous la direction de Luxemburg, Liebknecht et d'autres révolutionnaires, le Parti communiste d'Allemagne (KPD) a été fondé à la fin de 1918 - une organisation de travailleurs pour les travailleurs, un parti d'un nouveau type pour organiser la lutte pour une nouvelle société sans pauvreté, sans exploitation et sans guerre, pour renverser la domination du capital, établir celle de la classe ouvrière et construire le socialisme. Mais les militaires, les industriels et les banquiers ne pensaient pas à renoncer à leur pouvoir - ils étaient habiles dans le meurtre de masse et pour maintenir les masses affamées à terre, tous les moyens leur convenaient.

Alors que de nombreux travailleurs membres du parti SPD ont également combattu dans la révolution, la direction du parti, qui à l'époque était encore un parti ouvrier portant des revendications de classe, dans lequel de nombreux travailleurs étaient membres, s'est inconditionnellement rangée du côté des meurtriers, des criminels de guerre et des capitalistes. Le président social-démocrate du Reich, Friedrich Ebert, dont la fondation officielle du SPD porte encore aujourd'hui le nom, a soutenu la répression brutale de la révolution et le meurtre de milliers d'ouvriers. Le SPD a soutenu la Première Guerre mondiale en 1914 et est maintenant prêt à tout pour sauver le règne du capital. Il a profité du fait que de nombreux travailleurs n'avaient pas encore compris que le socialisme n'était pas possible tant que les maîtres des monopoles détenaient encore le pouvoir économique et politique. Avec des slogans sur la socialisation et les espoirs d'une république bourgeoise, les dirigeants du SPD ont brouillé les yeux des travailleurs et leur ont arraché de nombreux acquis pour lesquels ils s'étaient battus.

Le KPD, avec Luxemburg et Liebknecht à sa tête, a reconnu tout cela et la nécessité de continuer à se battre et de montrer aux travailleurs le chemin vers leur véritable pouvoir. Le programme du KPD était révolutionnaire et cohérent. Mais le parti a été fondé tardivement - seulement au milieu des luttes - et n'avait pas encore la force et l'influence suffisantes pour arrêter la contre-révolution. Il a néanmoins été le résultat politique le plus important de la révolution de novembre et le début d'une nouvelle phase du mouvement ouvrier révolutionnaire en Allemagne, associé à Ernst Thälmann, Walter Ulbricht, Wilhelm Pieck et bien d'autres noms, qui a culminé avec la construction du socialisme en RDA.

Hier comme aujourd'hui : Lutter contre la guerre impérialiste, c'est lutter pour la révolution !

Aujourd'hui, nous sommes à nouveau confrontés à une situation qui ressemble effroyablement à celle de 1914 : L'OTAN se mobilise contre la Russie et la Chine dans tous les domaines. Les troupes occidentales sont à la frontière russe, l'Allemagne participe à des manœuvres navales au large des côtes chinoises. Alors que nous apprenons à l'école que l'impérialisme appartient au passé, en réalité, c'est toujours le système dans lequel nous vivons aujourd'hui. Du Vietnam à l'Irak, de l'Afghanistan à la Libye, la traînée de sang des guerres impérialistes avec des millions de morts court depuis des décennies. Le danger d'une nouvelle guerre mondiale menace l'humanité et là aussi, la responsabilité de la social-démocratie est énorme : les guerres en Afghanistan et en Yougoslavie ont été décidées par le SPD et les Verts, tout comme aujourd'hui ils continuent à alimenter la confrontation avec la Russie et la Chine sous le prétexte des " droits de l'homme ". La lutte contre les partis du système bourgeois sous toutes les couleurs et formes, que ce soit le SPD ou la CDU, les Verts, le FDP ou l'AfD, fait partie de notre lutte contre la politique de guerre, pour les intérêts des travailleurs et du peuple. Le Parti de Gauche participe aux gouvernements des états et aspire à un gouvernement au niveau fédéral - et donc inévitablement à la mise en œuvre des politiques militaristes et des opérations de guerre. De nombreuses forces au sein du Parti de Gauche travaillent dans ce sens depuis longtemps. Ce serait une dangereuse illusion de placer les espoirs de paix dans ce parti.

Cela fait maintenant plus d'un siècle que les travailleurs allemands se sont soulevés pour mettre fin au capitalisme meurtrier et à sa politique de guerre. Leur lutte pour une société humaine, c'est-à-dire socialiste, est plus que jamais d'actualité. Mais la classe ouvrière allemande est aujourd'hui dépourvue d'une organisation de combat comme l'était le KPD à l'époque - une organisation capable de diriger la lutte des travailleurs avec clarté, unité et stratégie concrète pour la révolution socialiste en Allemagne. Nous en sommes encore loin et cela ne se fera pas du jour au lendemain. Mais nous voulons y travailler de manière réfléchie, avec un plan et avec une clarté collective. L'état actuel des choses doit être surmonté, étape par étape et intégrant le socialisme scientifique et la précieuse expérience de nos pionniers dans notre boîte à outils.

Pour nous, il est important aujourd'hui d'analyser les causes de la défaite du socialisme en 1989/1991, sans nier tous les succès et les réalisations et sans ignorer les difficultés et les contradictions. Au plus fort de l'actualité, en lien avec notre tradition, nous voulons ouvrir la voie au socialisme. Nous n'avons pas besoin d'utopies, mais de la voie concrète vers le pouvoir. À cette fin, nous organisons un processus de clarification et de construction dans le but de fonder le parti communiste en Allemagne. Car un jour, en Allemagne aussi, la révolution relèvera la tête et dira : J'étais, je suis, je serai !

Lien vers leur article (en anglais) sur leur site internet : https://kommunistische.org/stellungnahmen/lets-learn-from-our-pioneers/

Kommunistische Organisation