Etudiants en danger, crous coupable !

Entete
Le CROUS de Montpellier a annoncé publiquement le 23 mars qu’il sanctionnerait les étudiants sortant dans la cour de leur résidence par avertissement ou non-renouvellement de leur logement.

Il est évident que pour lutter contre la progression actuelle de l’épidémie et pour soutenir au mieux les travailleurs de la santé, il est nécessaire de limiter nos sorties et contacts avec les autres. Cependant la réaction du CROUS de Montpellier est intolérable. Encore une fois les structures publiques comme privées préfèrent faire jouer la culpabilité, la division et faire reposer la faute sur les individus plutôt que de trouver des solutions pour accompagner les personnes en difficulté.

Dans les résidences étudiantes les espaces communs sont inévitables, qu’il s’agisse de cuisines, de toilettes ou de douches. Tout au long de l’année, les directions empêchent les étudiants de s’équiper en matériel de cuisine au prétexte d’hygiène et de facture électrique. Aujourd’hui les étudiants logés en CROUS se voient obligés de jongler entre les consignes de sécurité et les mesures d’hygiène qui sont parfois contradictoires mais aussi avec l’état déplorable de leurs logements et leurs besoins vitaux.

Les étudiants qui vivent dans les logements CROUS subissent la gestion déplorable de leurs logements par l’Etat qui ne cesse de diminuer les fonds alloués à ces logements nécessaires et obligatoires alors que le nombre d’étudiants ne cesse d’augmenter, de pair avec la précarité de ces derniers. Cette gestion précarisant d’autant plus les étudiants n’a d’ailleurs pas été à la hauteur sur les prises de décision initiales concernant la crise. Deux choix ont été proposé initialement aux étudiants souhaitant rentrer chez eux : quitter définitivement leur logement sans préavis et sans payer le loyer d’avril ou conserver leur logement jusqu’à juin tout en payant ce loyer malgré un logement vide. Le CROUS a ensuite changé de directives dans les jours qui ont suivi, en précisant que le loyer d’avril ne serait pas dû si départ définitif ou temporaire. Ce manque de réactivité a eu un impact fort sur le choix des étudiants, en témoigne l’agitation et l’incompréhension de la part de ces derniers sur les diverses plateformes d’échange. Beaucoup d’étudiants se sont retrouvés à quitter leur logement au dernier moment en urgence ou à prendre la décision de rester dans leur logement, quitte à se retrouver isolés pour la durée du confinement dans un 9m2.

Nous rappelons que l’isolement et le manque de ressources de certains étudiants conduisent à des situations pouvant se révéler graves, du point de vue matériel ou psychologique, et ce d’autant plus dans un contexte comme celui-ci. En période universitaire « normale », 35% des étudiants se disent déprimés, un sur quatre souffre d’isolement et l’on compte un étudiant sur deux exerçant une activité rémunérée durant l’année selon le ministère de l’enseignement supérieur. Nous ne pouvons ignorer l’impact que le confinement va avoir sur les étudiants de cité universitaire qui sont d’autant plus concernés par ces statistiques car rappelons-le, ce sont les plus précaires qui sont amenés aujourd’hui à être enfermés dans ces résidences et le CROUS n’apporte pas de solutions techniquement viables. Ainsi plusieurs d’entre eux travaillent au noir pour financer leurs études, mais avec le confinement ils ne peuvent plus se rendre sur leur lieu de travail et ne reçoivent plus de salaire. Ils sont donc dans l’incapacité de payer à la fois leur nourriture et leur logement. A Bordeaux c’est une association étudiante, aidée par des enseignants qui a sauvé des étudiants de la faim en leur apportant des courses de solidarité.

Ce genre de problème ne concerne pas que les étudiants. De nombreux travailleurs qui n’ont pas de contrats légaux et qui vont se retrouver en ces temps dans une misère encore aggravée.

En reportant sans cesse la faute de l’expansion du virus sur les individus plutôt que sur l’organisation globale on en vient à créer un système de délation qui ne prend pas en compte les réalités de chacun. Quel intérêt de dénoncer un moment de détente commun entre quelques étudiants qui sont confinés depuis déjà une semaine dans des chambres de 9m² quand ces derniers partagent déjà les mêmes plaques de cuissons et WC ? Alors même que les moyens alloués pour l’hygiène ne sont pas à la hauteur ? Le CROUS répond à cette question publiquement : déloger des étudiants dans le besoin.

Nous souhaitons respecter les mesures du confinement car nous souhaitons préserver notre santé et celle des autres. Mais pour cela nous avons besoin que nos situations soient entendues et que de vraies mesures soient mises en place.

La sanction d’un non-renouvellement en cité-U est complétement déconnectée des raisons avancées par le CROUS, cela ne va en rien aider à lutter contre l’épidémie. Cela révèle une volonté d’accompagnement de la destruction du service publique en rognant sur les droits des étudiants.

Nous n’accepterons pas de telles menaces contre 5 étudiants qui jouent au foot dans une cour pour éviter de devenir fous, au même moment où on nous assure qu’il n’y a aucun problème à être 10 livreurs à attendre ensemble des commandes McDonalds pour les profits d’Uber Eats. Rien n'est fait pour rendre le confinement efficace dès qu'il s'agit de toucher aux intérêts du capital.

Pour empêcher d’ajouter aux victimes directes du COVID-19 de nouvelles victimes de la misère et de la faim, le CROUS doit immédiatement :

  1. Exonérer tous les loyers,
  2. Rendre la WiFi gratuite et fonctionnelle,
  3. Organiser la restauration des étudiants
  4. Mettre en place des mesures sanitaires dans ses locaux

Le capitalisme est le responsable de cette catastrophe sanitaire. Il utilise déjà la crise pour faire accepter, par la peur, de plus en plus de contrôles, de répression et de reculs sur nos droits. Nous devons réagir !

Pendant cette période de confinement, faisons vivre la solidarité. Pour rompre avec l’isolement sans rompre le confinement. Trouvons des solutions pour garder du lien, pour s’informer et défendre nos conditions de vie et d’études pendant la période.

Nous ne paierons pas la crise. Nous ne vendrons pas nos droits pour préserver les profits de ceux qui en sont responsables !

Soyons prêt à lutter, dès l’épidémie vaincue, pour imposer la rénovation des résidences CROUS, sans augmentation de loyer, et la construction de nouvelles ; pour imposer l’augmentation des bourses universitaires en nombre et en valeurs, pour qu’aucun étudiant ne doivent travailler pour financer ses études. Pour cela, organisons-nous !

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