Port du masque a la recreation dans les bus scolaires pour le sport les dernieres precisions du protocole sanitaire pour la rentree 1378883

Derrière les masques, l’école de classe montre son vrai visage

Cette rentrée se fait dans des conditions aussi exceptionnelles qu’anxiogènes : port du masque dans des classes à 30 ou plus, rattrapage express des 2 mois de cours manqués, du bac, des E3C, inégalités sociales et scolaires accentuées…

Reprise post-confinement et rattrapage des E3C boycottés : les inégalités s’accentuent.

               La grande majorité des lycéens n’ont pas ou presque pas eu cours depuis mars dernier, mais l’Éducation Nationale n’a pas daigné alléger les programmes de cette année. Si le télé-enseignement n’a pas pu se faire dans de bonnes conditions, ce n’est ni la faute des élèves, ni celle des enseignants, mais bien celle de la politique inégalitaire et archaïque du gouvernement qui n’a pas été capable de mettre les outils en place et de fournir le matériel nécessaire aux professeurs et aux familles. Résultat : nous devons rattraper plusieurs mois de cours, tout en restant dans les temps pour finir le programme de l’année, ce qui se traduit par une surcharge indigeste d’informations à retenir et de devoirs dès la rentrée. Quoi de mieux pour un décrochage massif ? Une fois n’est pas coutume, ce sont évidemment les lycéens issus des familles bourgeoises qui ont pu maintenir un certain rythme de travail pendant le confinement et durant l’été et prendre de l’avance sur les cours à rattraper, à coup de cours particuliers et de sites éducatifs payants, qui s’en sortent le mieux.

               Comme si cela ne suffisait pas, Blanquer n’ayant pas supporté que l’on boycotte ses nouvelles épreuves de contrôle continu l’an dernier (les « E3C »), en bloquant les lycées, en manifestant et en refusant massivement d’y participer, avec le soutien d’une grande majorité de professeurs et parents d’élèves, fait du forcing pour les faire passer coûte que coûte à ceux qui y ont échappé en première. Les lycées ont jusqu’à mai pour organiser et faire repasser aux élèves de terminales des épreuves portant sur des matières qu’ils n’étudient plus cette année, et parallèlement au bac de la réforme Blanquer qui ressemble plus à un parcours du combattant ou à un champ de mine, qu’à un examen de validation de fin de second cycle, avec ses spécialités à l’américaine et ses épreuves tout au long de l’année. Inutile de préciser que si les professeurs les plus consciencieux souhaitent faire réviser les élèves pour ces matières, ils devront évidemment le faire bénévolement : aucune heure supplémentaire ou ouverture de poste n’est prévue pour ça. Encore une fois, ce sont les jeunes qui auront les moyens de payer des cours en-dehors du lycée qui s’en sortiront le mieux.

               L’accentuation des inégalités face à l’apprentissage ne fait qu’accélérer la sélection sociale. Les dernières réformes et coupes budgétaires ajoutées à la crise du Covid19, c’est l’éviction assurée des classes populaires du système scolaire et des études supérieurs. Tout ce processus se fait au profit du privé : les enfants de la bourgeoisie sont rarement scolarisés dans le public, ou dans les rares lycées d’élite parisiens, ils sont majoritairement dans des établissements privés. Mais même dans les classes populaires, de nombreux parents, lorsqu’ils le peuvent, choisissent d’inscrire les enfants dans le privé : le principe que nous défendons d’une éducation publique gratuite, formatrice, accessible à tous et égalitaire n’est pas du tout en vigueur.

               L’école aujourd’hui est à l’image du système capitaliste qu’elle sert : elle est inégalitaire, vectrice de profits et d’avantages seulement pour la bourgeoisie, elle exerce une violence sur les enfants des classes populaires pour leur faire accepter leur future exploitation dans le travail.

Protocoles sanitaires inapplicables, masques non-fournis par l’Éducation Nationale : le gouvernement nous met en danger.

               Depuis la rentrée, aucune livraison de stocks massifs de masques destinés aux élèves n’a eu lieu dans les établissements scolaires. Les personnels quant à eux, ont eu droit à quatre masques lavables, considérés comme non-protecteurs par l’ARS, renouvelés en décembre. Pendant ce temps-là, des millions de masques sont vendus quotidiennement au prix fort dans les grandes surfaces et les pharmacies. Ce sont encore et toujours les familles des classes populaires qui paient le prix le plus élevé pendant cette crise.

               Les agents d’entretien, dont le nombre de postes a encore diminué cette année dans la région PACA et nombre d’autres régions, ne peuvent pas assurer la mise en place du protocole, par manque de moyens humains et matériels. La majorité des établissements publics reçoivent plus d’élèves qu’ils n’ont de capacité pour les accueillir : les salles de classe, les couloirs et les cantines sont bondés. La distanciation sociale est tout simplement inapplicable, même avec la meilleure volonté et toute la patience du monde. La responsabilisation individuelle ne suffira jamais à nous protéger contre un virus aussi contagieux et dangereux : la protection doit être collective, les mesures et les moyens mis en place pour les faire appliquer doivent être à la hauteur de la crise que nous vivons : réduction du nombre d’élèves par classes, création de postes d’enseignants, d’agents et de personnel administratif, distribution de masques vraiment protecteurs aux personnels et aux élèves, allègement des programmes, des formations des familles, les élèves et des profs et du matériel à disposition pour l’enseignement à distance et l’accès au numérique… Et tout cela ne suffirait pas changer radicalement l’école, mais pourrait au moins permettre de traverser la crise sans que nous-mêmes, nos professeurs, nos surveillants, nos camarades de classe ou des membres de nos familles ne mettions nos vies en jeu.

Tout ce que nous pouvons constater, encore et toujours, c’est que le gouvernement, tout comme ceux d’avant, privilégie les profits économiques à notre santé et à nos conditions d’études. Cela n’est pas nouveau, mais cet état de fait est rendu complètement évident et indéniable par la crise sanitaire. Et il a trop duré.

Outre la concurrence instaurée entre les élèves et les lycées dans le public, la dégradation des conditions d’étude et la sélection de plus en plus rude se font au profit des établissements privés. L’éducation de qualité devient payante. La sélection dans l’éducation est une sélection de classe favorisant la bourgeoisie.

Après des années de lutte contre une école qui assume de plus en plus son rôle d’outil de reproduction de classe, contre la dégradation organisée des conditions d’études dans les lycées publics, la réforme des ZEP, Parcoursup’, la destruction de l’examen national du bac, il nous reste du chemin à faire pour combattre les inégalités et les injustices auxquelles nous faisons face et reconquérir nos lieux d’étude.

L’école publique doit être un lieu de sociabilisation, formateur et émancipateur, pas une usine à sélectionner et fabriquer des travailleurs dociles et remplaçables et des chômeurs pour remplir les rangs de l’armée de réserve.

Avant, pendant et après la crise sanitaire, contre l’école de classe, seule la lutte paie !

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