13/05/2016 Les événements du 12 mai a Marseille

  • Le 14/05/2018

Jeudi 12 mai, un rassemblement a eu lieu à Marseille contre la loi Travail. L'ampleur de la mobilisation, bien que ce ne soit pas un jour d'appel à la grève, a permis de le transformer en manifestation. L'important dispositif policier déployé, ainsi que le nombre de BACeux toujours croissant, fait échos aux répressions du premier mai, du 10 mai et des jours suivants.

Tout indique que la police n'entend plus « dissuader » mais bien empêcher tout rassemblement et manifestations. A la fin de la manifestation, la police ayant fermé toutes les issues de la place Castellane, des échauffourées ont éclaté entre ce qui restait du Service d'Ordre de la CGT et une partie du cortège 'jeune' -et moins jeune- qui souhaitait continuer en manifestation sauvage. Le reste cortège existant a tenté de s'engouffrer dans la rue Maurel, derrière les camions CGT et Solidaires qui tentaient de prendre ce chemin (également bouché par un cordon de CRS) pour rentrer dans leurs maisons respectives. Milles versions du récit de ce qui s'est passé alors se coupent et se recoupent, chacun cherchant qui a jeté le premier caillou, le premier "collabo", donné le premier coup de pied. Il nous appartient d'analyser la situation à froid : que des événements similaires aient pu se produire dans d'autres villes, dans des configurations locales différentes doit nous alerter particulièrement sur la stratégie mise en place nationalement par l'Etat. Depuis le début du mouvement tout a été entrepris pour diviser, entre eux, ceux qui se mobilisent. Ce qui s'est passé le 12 mai témoigne avant tout d'une réussite pour la police qui n'a eu qu'à se frotter les mains, parvenant à dresser deux parties des manifestants l’une contre l’autre. La tactique employée ce jour-là par les CRS, BACeux, RG, etc a été la même partout où ont explosé des tensions alimentées, en partie par des éléments policiers infiltrés. Force est de constater que le mouvement n'a pas su réagir à temps pour contrer cette nouvelle façon de gérer la colère populaire. Nous regrettons que la situation en soit arrivée à ce point de tension, entamant une unité déjà précaire, condition nécessaire à la victoire. Ceux qui ont le moins intérêt à l'unité sont ceux que nous combattons au quotidien : les patrons, l'Etat, et tout ceux qui les servent. Le gouvernement à tout intérêt à nous diviser, et ne se prive pas d'exploiter les désaccords qui existent entre ceux qui luttent. Sous ces affrontements regrettables se cachent plusieurs discours ; notamment celui affirmant que la CGT, et les syndicats en général, sont une arme patronale, un outil de contrôle du prolétariat, au même titre que le serait la police. Nous réfutons cet argumentaire et affirmons qu'aujourd'hui encore le syndicat est l'arme la plus efficace pour mener la lutte au sein des entreprises, et pour organiser la convergence entre tous les travailleurs. Que l'on soit en désaccord avec les stratégies des syndicats est une chose. L'exprimer en insultant publiquement des militants en est une autre ; et c'est intolérable. Que l'on souhaite partir en manifestation sauvage est une chose ; que l'on hue ceux qui font le choix de ne pas le faire est intolérable aussi, en plus d'être contre-productif. Ce mouvement social a pris diverses formes, inconnues jusqu'alors. La forte mobilisation sur les réseaux sociaux a permis la diffusion des premières dates de mobilisation à un public peut-être nouveau, expliquant en partie leur succès. Les lycéens et les étudiants ont pris une part active à la contestation sociale, selon leurs propres modes d'action. Cependant, nous ne gagnerons pas sans l'outil le plus efficace en terme de blocage d'économie : la grève. N'oublions pas que lorsqu'une manifestation à lieu, quel que soit son parcours, c'est autant de personnes présentes qui ont arrêté le travail, participant au ralentissement de l'économie ce jour-là. Que ces affrontements arrivent au moment même où le mouvement prend une tournure nouvelle est d'autant plus regrettable : pour la première fois cette année, deux dates de grèves sont annoncées dans la même semaine, et des préavis de grève reconductible ont été posés dans de nombreuses fédérations syndicales. Nous appelons à continuer la construction du mouvement social, plutôt qu'à le détruire. Nous appelons l'ensemble des jeunes à renforcer la mobilisation aux côtés des travailleurs en grève, des précaires et des privés d'emploi le 17 et le 19 mai, et à s'unir contre le patronat et son gouvernement. Face à la division, créons les conditions de l'union des classes populaires ! Face à la répression, amplifions la lutte aux côtés des travailleurs !