03/04/2017 Grève dans le ramassage des ordures

  • Le 14/05/2018

Les éboueurs de Marseille sont entrés en grève à l’appel de la CGT le 20 mars et ce pendant 13 jours. Depuis quelques années, les éboueurs de Marseille, comme une grande partie des travailleurs de France, voient leurs conditions de travail se détériorer.

Notamment, le principe du "fini-parti" a été supprimé en 2014. Si cette mesure permet de finir sa journée de travail quand toutes les tâches sont accomplies cela fait également peser un stress très important lors des dernières heures. Bien souvent ce type de fonctionnement est employé pour pousser les travailleurs à augmenter eux mêmes les cadences dans l'espoir de voir plus vite la fin du travail. Mais sur le long terme cela signifie à coup sûr l'augmentation de la charge de travail puisque la norme en terme d'intensité du travail est sans cesse relevée. Ce petit jeu alimenté par la concurrence entre travailleurs contribue au processus sans cesse mis en application par le capitalisme, qui consiste à rechercher les profits les plus élevés sans relâche, en premier lieu par l'asservissement toujours plus intense des travailleurs.

Cependant la fin du "fini-parti" a été un prétexte à l'augmentation des horaires, alors que les salaires n'ont pas suivi. Les éboueurs étaient notamment payés 0,74€ la journée pour les dimanches et les jours fériés ! C'est logiquement que deux revendications ont émergées : la baisse des horaires et l'augmentation des salaires. Il est important de faire le lien entre les deux : augmenter la durée du travail sans que le salaire ne le soit proportionellement, c'est baisser les salaires, en terme de revenu horaire.

En revanche, la charge de travail a été augmentée en même temps que sa durée : une belle opération pour qui songe à augmenter la rentabilité du service ! Alors que le chômage ne cesse d'augmenter tout est fait pour concentrer le travail sur un nombre de plus en plus réduit de personnes. Au contraire réduire la durée d'une journée de travail permettrait d'embaucher plus tout en soulageant l'effort de tous, à condition que le salaire ne soit pas baissé.

Chaque lutte – qui plus est lorsque la CGT y mène battaille – est taclée par le pouvoir d'irresponsabilité. Souvent, on oppose la figure du "militant cgt" à celle de la France qui "travaille". C'est pour propager la conception que les ouvriers ne travaillent pas mais que ce sont bien les patrons, "entrepreneurs", qui sont le moteur de la prodution. Ce discours allie méritocratie et mépris de classe, mais les faits le trahissent en permanence : l'objectif du patronat c'est d'exploiter toujours plus ceux qui produisent les richesses.

Cette grève est d’autant plus importante qu'avec l’instauration de la métropole ce sont tous les éboueurs de la zone qui subissent les mêmes conditions de travail.

Alors quand le gouvernement, à travers les média, diabolise les grévistes en ne parlant que d’un mouvement minoritaire (un argument décliné par les valets du capital de mille façons ces dernières années, séparant ceux effectivement dans la lutte et ceux qui ne peuvent que la soutenir), rappelons que la criminalisation syndicale est aujourd’hui courante et que cette chasse à la CGT peut en effet effrayer certains travailleurs.

Les éboueurs sont également discrédités par la métropole qui ne cesse de rappeler les « avantages » dont disposent ceux-ci, il convient de rappeler que les « avantages » proviennent d’un côté de la spécificité de cet emploi pénible (horaires, danger et fonction même) et de l’autre des luttes menées par ceux-ci pour améliorer leur quotidien.

Ce n’est pas parce que la bourgeoisie et ses gouvernements successifs a décidé de détruire nos conquêtes sociales que nous devons nous détacher de ceux qui arrivent à les conserver. Au contraire nous devons nous inspirer de leur exemple et nous aussi nous défendre, avec la CGT, contre l’oppression patronale.

Ici c'est la métropole, mais partout en France et dans le monde, on essaie de diviser les travailleurs selon leur emploi, selon le fait qu’ils soient syndiqués ou non, ... mais ne nous laissons pas avoir. Dans chaque secteur où la CGT est historiquement forte dans la lutte de classe, les conditions de travail et de salaires sont de plus haut niveau que là où ce n'est pas le cas. C'est bien parce que ce fait est une preuve que la lutte paie qu'un effort intense est effectué pour faire passer les employés de ces secteurs comme privilégiés vis à vis du reste des travailleurs.

L'isolement dans la lutte ne peut avoir qu'une solution : des attaques toujours plus violentes sur les secteurs le moins organisés et offrant le moins de résistance, une concurrence de plus en plus forte entre les travailleurs suivant leur niveau social, et donc une régression pour les secteurs historiquements avancés. D'un autre côté l'unité dans la lutte est la seule perspective pour un nivellement par le haut des salaires et des conditions de travail, ainsi que pour élever notre rapport de force contre le capital. Nous sommes tous victimes des logiques de profit, même quand il s’agit de l’entretien et de la propreté des villes, et nous devons être unis dans la lutte.

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