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01/05/2017 MacDo, dans la précarité et l’isolement naît la lutte

  • Le 14/05/2018

McDo fut longtemps l’exemple même du travailleur précarisé, isolé, ne pouvant pas lutter contre son employeur. C’est un fait qu’en travaillant à McDo on est souvent payé moins que le salaire minimum et que se syndiquer équivaut à être licencié.

Le modèle développé par McDonald’s consiste concrètement à empêcher au maximum toute organisation collective des travailleurs. Cela s’effectue dès leur recrutement via les fameux CDI que l’entreprise se targue d’offrir au plus grand nombre, un CDI étant moins cher qu’un CDD à court terme, seulement si l’employé doit démissionner rapidement pour être rentable. Pour se faire, toute la chaîne de production et de vente est individualisée au maximum, chaque poste dispose de sa tâche principale, secondaire, voire tertiaire. Ainsi, tout dysfonctionnement sera imputé à un équipier et il lui sera reproché sa lenteur, son incompétence, etc…par les managers.  Les cadences à tenir font que chacun est convaincu d’avoir payé l’inactivité d’un autre équipier puisque toute communication est réprimée, officiellement pour éviter toute distraction, mais surtout pour éviter toute conscientisation des travailleurs.

De plus, ces travailleurs sont souvent exploités dans l’illégalité : heures supplémentaires non payées, CDI avec lettre de démission pré-signée à l’embauche, non-respect du minimum amplitude horaire ainsi que du délais de repos obligatoire entre deux services ... Ces abus sont possibles car on ne leur fait jamais part de leurs droits ni de ce qu’il leur est interdit de faire : on pourra leur demander de monter dans les poubelles du restaurant pour les tasser (plutôt que d’acheter une barre en fer qui aurait le même effet). On pourra aussi leur demander de vider les cuves d’huile chaude alors que ce n’est pas leur rôle, leur interdire de répondre à tout client mécontent. De plus, la fragmentation de la journée de travail, ainsi que les plannings aléatoires d’une semaine sur  l’autre maintiennent le salarié dans une disponibilité obligatoire en permanence.

Ces conditions accentuent le repli sur soi des travailleurs, qui, à terme, arrêteront de venir travailler pour se faire licencier plutôt que de démissionner de leur CDI.

En interne, il sera de toute façon, plus ou moins clairement, indiqué que l’emploi chez McDonald’s n’est que provisoire ou transitionnel dans la vie du salarié. Par conséquent, cela justifierait le sacrifice de soi et la souffrance subie, l’altruisme est incité dans les mots alors que dans la pratique cela sert à isoler les travailleurs entre eux via leur culpabilisation.

La situation précaire des salariés dans cette entreprise, fait qu’il est plus difficile de s’y organiser, surtout du simple fait de la menace qui pèse dès qu’ils commencent à se réunir. En l’absence de syndicats, les équipiers polyvalents sont soumis à la direction et aux rythmes de travail éreintants.  

Depuis 1940, cette entreprise maximise ses profits sur le dos de jeunes précaires, d’étudiants qui sont divisés au maximum pour empêcher toute organisation salariale.

Toutefois même les entreprises modèles du capital en termes de gestion de la main d’œuvre et d’absences de luttes ne peuvent être longtemps à l’abri. Depuis quelques années MacDonald’s est confronté à de plus en plus de mouvement de luttes et ce dans plusieurs pays. Ces mouvements touchent aussi bien les McDos franchisés que non franchisés. C’est en premier lieu aux États-Unis que la lutte des travailleurs de McDo à démarré avant de s’étendre.

C’est à partir de 2012 que McDo va faire face à un mouvement de grande ampleur. Le 29 Novembre c’est environ 200 travailleurs qui cessent le travail à New York et pas uniquement à McDo. D’autres mastodontes de la restauration rapide sont touchés : Burger King, Taco Bell, Wendy’s, Pizza Hut...

Les revendications des travailleurs soutenus par le syndicat des employés des services et par des associations sont l’augmentation des salaires, l’amélioration des conditions de travail et enfin le droit de former un syndicat.

A partir de ce moment-là le mouvement va s’organiser et s’accroître jusqu’à devenir une campagne : « Fight for 15 » pour demander les 15$/ heure et le droit de se syndiquer.

Cette lutte mérite que l’on s’y arrête car c’est la première de cette ampleur et de ce niveau d’organisation dans l’histoire de McDo mais aussi de la restauration rapide. Elle témoigne de l’accroissement du niveau de conscientisation des travailleurs de ce secteur.

En France c’est dans les années 2000 que l’on voit les premières luttes à McDo impulsés par la CGT.

Ces actions d’abord isolées prennent maintenant de l’ampleur.  Face à l’organisation des travailleurs pour obtenir la satisfaction de leurs revendications la direction de McDo ne reste évidemment pas immobile. La répression des militants s’accroît, en témoigne l’exemple chez nous des attaques contre les représentants syndicaux (McDo à Marseille): convocation au siège, entretien préalable au licenciement, menaces, plainte sur de fausses accusations ….  Il apparaît évident dans cette situation de l’importance du lien des travailleurs de McDo avec les autres organisations de la CGT.  Avec son aide, les salariés français à la suite de leurs frères américains demandent à leur tour des augmentations (13€/heure), le droit de se syndiquer. Le mouvement touche de plus en plus de McDos dans le pays en lien à chaque fois avec les organisations CGT (CPEP à Lyon et Marseille) dans la solidarité interprofessionnelle...

 

Cependant, la lutte ne peut pas s’arrêter à McDo. Bien que cette entreprise soit le symbole du travail précaire où l’exploitation capitaliste atteint des sommets, elle n’est que l’arbre qui cache la forêt.

L’expérience et l’histoire de cette lutte nous montre cependant  que l’organisation des travailleurs précaires est belle et bien possible lorsqu’elle est en lien avec l’ensemble de l’organisation syndicale, même lorsque tout est fait pour l’empêcher.  Il est indispensable d’unir les travailleurs de l’ensemble du secteur dans la lutte syndicale et politique. Ainsi, les Jeunes Communistes soutiennent pleinement le mouvement CGT Restauration Rapide et dénoncent les politiques esclavagistes de cet empire.

 

Article du journal l'Avant-Garde Avril Mai 2017

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